Quartiers: de nombreuses familles dans la dèche!

PRÉCARITÉ • La crise liée au coronavirus a plongé de nombreuses familles dans le besoin et la précarité. Pour répondre aux besoins, la Fondation pour l’animation socioculturelle (FASL) a établi un partenariat avec Table Suisse pour la distribution de nourriture gratuite au sein des centres de quartiers.

  • Lors de la préparation des caisses de nourriture, Lorianne Gerber (à g.), étudiante en soins infirmiers à l’HESAV, apporte son aide aux employés de la Maison de Quartier de Chailly: Mohammed Gadri (au fond), Nadège Marwood, stagiaire, et Emilie Moeschler (à d.), responsable. MISSON

    Lors de la préparation des caisses de nourriture, Lorianne Gerber (à g.), étudiante en soins infirmiers à l’HESAV, apporte son aide aux employés de la Maison de Quartier de Chailly: Mohammed Gadri (au fond), Nadège Marwood, stagiaire, et Emilie Moeschler (à d.), responsable. MISSON

Les centres d’animation de la Ville de Lausanne sont encore fermés au public, mais le travail de la Fondation Lausannoise pour l’animation socioculturelle (FASL) ne s’est pas arrêté pour autant, bien au contraire. Depuis presque deux mois, la FASL a mis sur pied un partenariat avec Table Suisse, pour la distribution de nourriture gratuite aux familles précarisées par la crise. A ce stade, onze centres d’animations proposent cette offre. Les animateurs socioculturels sont sur le terrain pour distribuer la nourriture dans des mesures d’hygiène strictes. Près de 800 Lausannois en bénéficient.

Les distributions se sont cependant organisées en fonction des besoins de chaque quartier, et n’ont donc pas toutes débuté en même temps. Les animateurs socioculturels ont effectué dans leur secteur une petite enquête des besoins, grâce à leur réseau et aux liens privilégiés qu’ils entretiennent déjà avec une bonne partie de la population. Le centre d’animation de Cité-Vallon, par exemple, a travaillé en collaboration avec l’école de la Barre, qui a indiqué aux animateurs les familles susceptibles d’être en difficulté. Il est d’ailleurs le seul à avoir opté pour la livraison à domicile, bénéficiant actuellement à 45 personnes. Les autres centres ont adopté un système de distribution sur place, avec une inscription préalable et des horaires de venue.

Familles précarisées par la crise

Certains foyers qui joignaient tout juste les deux bouts auparavant, basculent dans la précarité en raison d’un chômage partiel qui avale 20% de leur salaire, d’une fermeture, d’une perte de clientèle, ou d’une diminution de mandats. Mais d’autres sont précarisés toute l’année. «Pour eux, il s’agit d’un renfort supplémentaire bienvenu, tant qu’il dure», informe Jérôme Rossel, animateur à la Maison de quartier de la Pontaise. «Nous sommes là, et nous continuons à prendre soin des gens, indique Séverine Pedraza, animatrice socioculturelle à Bellevaux. Ici, des familles sont mises en difficulté car elles doivent aider des proches, ou se sont retrouvées à devoir héberger plus longtemps que prévu une personne de la famille n’ayant pas pu repartir dans son pays…».

Le rôle de l’animation socioculturelle

A Chailly, il n’y a pas moins de 160 personnes concernées par la distribution alimentaire. L’équipe de la maison de quartier (MQC) s’active deux fois par semaine pour préparer les caisses de nourriture que les bénéficiaires viennent récupérer. «La baisse d’activités rémunérées peut atteindre des proportions dramatiques», mentionne Emilie Moeschler, responsable de la MQC. «La crise sociale s’annonce assez forte et c’est aussi le rôle de l’animation socioculturelle de s’adapter pour répondre aux besoins. Ce que nous faisons en ce moment, c’est de l’urgence humanitaire». Animateur à La Pontaise, Rodolphe renchérit: «La dimension sociale de notre métier va prendre de l’importance, alors qu’elle était plutôt axée sur le culturel jusque-là. La misère existait déjà mais aujourd’hui, elle est plus visible.»

Solidarité renforcée

L’annonce de ces distributions ont aussi contribué à un élan de solidarité parmi la population. Des habitants ont d’ores et déjà proposé d’aider en amenant des denrées ou en faisant des dons. La maison de quartier des Faverges a quant à elle opté pour la création d’une épicerie solidaire. Le principe est simple: à jour et heures définies, les habitants peuvent amener de la nourriture non-périssable ou des produits d’hygiène pour constituer le stock, complété une fois par semaine par des produits frais livrés par Table Suisse. A la suite de ces propositions d’aide spontanée en divers endroits de la ville, plusieurs maisons de quartier se sentent inspirées par le principe de l’épicerie solidaire à long terme, comme aux Bergières ou au Vallon. A Chailly également, certains amènent déjà des provisions pour compléter les distributions officielles.

La FASL poursuivra le partenariat avec Table Suisse tant que cela s’avérera nécessaire, en fonction des réalités socio-économiques observées dans chaque quartier, et en parallèle à la reprise, dès cette semaine, de ses activités.