Rougeole: «La vaccination a joué son rôle de protection»

ROUGEOLE • Les 10 cas de rougeole observés à l’Uni Lausanne montrent la vulnérabilité des grands lieux de brassage de population. Adjointe au médecin cantonal, la doctoresse Christiane Petignat estime que la couverture vaccinale de la population a limité la propagation de cette maladie très contagieuse, même si de nouvelles épidémies sont inévitables.

  • Avec une couverture vaccinale de 94% des enfants de 2 ans, la Suisse est à l’abri d’une épidémie massive. En médaillon le Dr Christiane Petignat, adjointe au médecin cantonal. 123 RF

    Avec une couverture vaccinale de 94% des enfants de 2 ans, la Suisse est à l’abri d’une épidémie massive. En médaillon le Dr Christiane Petignat, adjointe au médecin cantonal. 123 RF

Comment expliquez-vous que des cas de rougeole puissent encore se déclarer en Suisse?

Actuellement en Suisse, 94% des enfants de 2 ans sont vaccinés dont 87% avec 2 doses de vaccins, ce qui correspond aux objectifs fixés et atteints par l’Office fédéral de la Santé publique pour tout le pays. Dans le canton de Vaud le taux de couverture vaccinale des adolescents se situe autour de 90%. Cela implique qu’il y a 10% de personnes dans la population jeune qui ne sont pas vaccinées. D’autre part, avec deux doses de vaccin, le taux d’immunité atteinte avec la vaccination est d’environ 97%, c’est-à-dire que 3 personnes vaccinées sur 100 personnes vaccinées ne seront pas immuns et pourront développer une rougeole si elles sont en contact avec le virus. Ces deux facteurs expliquent la possibilité de survenue de cas de rougeole.

Y a-t-il des éléments explicatifs spécifiques à l’UNIL?

Oui, sans aucun doute. Sur les sites de l’UNIL-EPFL, il y a un important brassage de population avec des étudiants étrangers qui peuvent venir de pays où la couverture vaccinale est moins bonne que celle que nous avons ici. Il arrive donc que dans ces milieux-là, il y ait des cas d’importation qui, pour les raisons évoquées plus haut, peuvent se propager. En outre, la rougeole est une maladie hautement transmissible car elle se propage par voie aérienne. Au sein de grands auditoriums universitaires qui peuvent regrouper des centaines de personnes, la probabilité de transmission est bien sûr plus élevée.

Avec 10 cas reconnus, peut-on parler d’épidémie à l’Unil?

C’est plutôt ce qu’on appelle une flambée de cas, donc une petite épidémie. Ce faible chiffre s’explique par le fait que la couverture vaccinale que nous avons ici a joué son rôle de protection. Si quelqu’un a la rougeole alors qu’autour de lui plus de 90% des personnes sont protégées, cela veut dire que la probabilité que le virus entre en contact avec une personne non immune est faible.

Des flambées comme celle-ci pourraient-elles se reproduire à l’avenir ?

C’est inévitable, car pour l’instant, la rougeole n’est toujours pas éradiquée au niveau mondial. Nul doute que dans les prochaines années on aura encore des flambées de cas, et même chez des personnes qui ont déjà été vaccinées. La bonne nouvelle, c’est que ces cas ne sont plus capables de provoquer de grosses épidémies.

par Charaf Abdessemed