Un billet Paris-Lausanne pour le 1er ministre français

POLÉMIQUE • En ode à l’efficacité du système de formation suisse, un entrepreneur français invite Edouard Philippe à Lausanne. Objectif: lui faire découvrir l’EPFL.

  • Edouard Philippe, Premier ministre.

    Edouard Philippe, Premier ministre.

L’article est plus une charge sévère contre son propre pays qu’un éloge dithyrambique pour notre ville. Mais il n’empêche, l’exercice est trop savoureux pour ne pas le relater.

Au début du mois dernier, le journal français l’Express publie une chronique impertinemment titrée «Offrons un billet Paris-Lausanne à Edouard Philippe». Pour ceux qui ne le sauraient pas Edouard Philippe est le Premier ministre français, et l’auteur de ce texte est Laurent Alexandre. Médecin, énarque, entrepreneur, l’homme est incontestablement un des esprits les plus brillants et les plus iconoclastes de sa génération. Et qui n’hésite pas à écrire: «A 12 kilomètres de la France, Lausanne nous montre que nos facs sales, délabrées, démoralisées et désargen-

tées, employant des professeurs sous-payés, ne sont pas une fatalité mais un choix politique suicidaire à l’heure du “capitalisme de la connaissance”. Imitons les Suisses. Il faut offrir un billet de TGV Paris-Lausanne au Premier ministre, Edouard Philippe, et à la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal.»

Charge juste mais rude

Contacté par téléphone, il persiste et signe: «La charge est rude certes, mais juste. En dehors des grandes écoles qui forment des gens très recherchés, le système universitaire français est à l’évidence dans une impasse. Et pour cause on laisse y entrer des gamins qui ne sont pas faits pour les études qui y vont par accident ou juste pour avoir la sécurité sociale.»

Et d’ajouter: «Ma chronique est une invitation à agir mieux et à faire comme en Suisse où le système de formation par apprentissage est très performant et correspond mieux aussi bien aux profils des élèves qu’aux besoins de l’économie.»

Point d’orgue de son texte au vitriol: la taille modeste de Lausanne - 145’000 habitants souligne-t-il - rapportée à l’aura et la réputation internationale de l’incontournable EPFL. «En France il ne faut pas hésiter à mettre à la tête des universités des personnes courageuses, révolutionnaires et visionnaires comme Patrick Aebischer. En moins de deux décennies, il a réussi à transformer un établissement modeste en une école de classe mondiale. Oui, bien sûr, il faut qu’Edouard Philippe vienne faire un tour à Lausanne!».

Charaf Abdessemed