Un diamant brut dans les bassins

NATATION • Sociétaire du Cercle des nageurs de Nyon, Malika Gobet, bientôt 14 ans, est un des grands espoirs du pays. Elle bat des records et vise les Européens juniors à Helsinki en juillet prochain. Et peut-être un jour les JO.

  •  www.malikagobet.com

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Basée à Charmey, dans le canton de Fribourg, l’Association «Vivre son rêve» présidée par André Gorgemans soutient financièrement Malika Gobet qui aura non seulement 14 ans le 25 mars mais qui, surtout, effraie les chronos depuis quelques années. Elle, la spécialiste de la nage sur le dos, voit les étoiles en plein air et les tutoie l’hiver parce qu’un toit protège du froid hivernal.

Un fort caractère

Quand on lui demande quel est son record personnel sur 50m dos, elle consulte son portable. Pour être sûre: 30”62, confirme-t-elle. Il faudra toutefois nager en 29”92 pour espérer participer aux Européens juniors à Helsinki qui auront lieu en juillet prochain. «En fait, je ne me focalise pas trop sur les chronos. Je plonge et je fonce.» Histoire peut-être de ne pas se mettre trop de pression. En 2017, sur cette courte distance qu’elle aime, elle a établi le 3e chrono continental chez les J13.

Malika Gobet, qui habite aujourd’hui du côté de la Côte, a fixé des records de Suisse dans des disciplines, améliorant au passage certains qu’elle détenait si bien qu’à son jeune compteur, elle en a battu une quinzaine. Plutôt prometteur. «Malika a un caractère très prononcé, dans et hors de l’eau», dit d’elle son père Pascal qui, souvent, parle pour sa fille, d’où quelques désaccords logiques avec elle, mais finalement bien sympathiques.

Un team familial

Un team familial s’est tout naturellement construit autour d’elle depuis qu’elle est devenue la sociétaire du Cercle des nageurs de Nyon et qu’elle est entraînée par Michael Richard. S’y sont greffés un physio et un médecin du sport. Personne ne bouscule la jeune championne (plusieurs titres nationaux et une vingtaine de médailles d’or gagnées aux championnats romands). Tout le monde l’aide, l’entoure, la conseille. «J’écoute, quoi de plus normal, mais je gère ma vie», souligne Malika Gobet. «Mon objectif, c’est être pro dans mon sport, vivre de la natation ou grâce à elle.» En clair: que d’autres sponsors s’intéressent à elle. Pour les titiller, éveiller leur curiosité, il faut des résultats majuscules, un rang majeur dans les classements. Dans sa ligne d’eau, elle a déjà dessiné les contours d’un itinéraire d’une enfant douée. Son rêve? Nager aux JO. Si ceux de Tokyo dans deux ans arrivent peut-être un peu tôt, il y aura Paris en 2024. Et cette année-là, la championne aura 20 ans.

La voie du plaisir

L’école? «Je suis en 10e et ça va bien aussi de ce côté-là. Ainsi, je peux continuer dans la voie de mon plaisir.» Malika Gobet sourit, regarde son père. «J’ai une vie sociale, avec des limites que je respecte.» «On ne la pousse pas et nous avons confiance en elle», ajoute le papa, le regard complice. L’école n’est pourtant pas la tasse de thé de Malika, mais le matin, elle se lève à 5 heures pour aller à l’entraînement fixé à 5h45. «C’est tôt mais ça ne me fait rien parce que je sais que je vais aller faire ce que j’aime.»

Intolérante au gluten, elle accorde une attention extrême à ce qu’elle mange. C’est sa maman qui gère cet aspect. Au menu le jour d’une compétition? Bircher au petit-déjeuner, salade de pâtes avec du poulet, plus tard. «C’est immuable», lâche Pascal Gobet. Là, il y a intransigeance. Le futur? «Si un jour Malika nous dit qu’elle souhaite de ne plus continuer, on arrêtera.» Un discours réfléchi, intelligent et inspirant. «Mais je n’arrêterai pas la natation pour faire des études», précise sa fille, un diamant brut dans l’eau, déjà ciselée dans son temps, qu’elle partage au quotidien.

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