Un documentaire lausannois sur les métis

CINÉMA • Le réalisateur lausannois Luc Godonou Dossou présentera «Métis», son nouveau film, le 14 novembre à l’Unil. Nous l’avons visionné en primeur. Rencontre.

  • «Le métissage est un mouvement naturel. On peut le rejeter, mais autant rejeter la réalité!» assène Luc Godonou Dossou. DR

    «Le métissage est un mouvement naturel. On peut le rejeter, mais autant rejeter la réalité!» assène Luc Godonou Dossou. DR

«Culturellement, linguistiquement ou ethniquement, nous sommes tous métis!» L’affirmation est de Luc Godonou Dossou. Le touche-à-tout «franco-lausannois d’origine béninoise» vient de tourner un documentaire de 52mn sur le métissage. C’est son second opus après «Road to glory» (co-réalisé avec Bruno Pereira en 2016), film consacré au boxeur lausannois Yoann Kongolo, et qui avait été primé dans quatre petits festivals. Cette seconde réalisation, intitulée «Métis», sera présentée mercredi (14 novembre) à l’UNIL. Cette première sera l’occasion de débattre avec le réalisateur et le sociologue Akim Oualhaci qui a co-écrit le scénario.

Esthétique mais consensuel?

Le film donne la parole à plusieurs métis lausannois et à d’autres du monde entier. Une dizaine au total. «Il a déjà été sélectionné dans six festivals et acheté par plusieurs bibliothèques scolaires en France», jubile son auteur qui l’a réalisé seul, en prenant sur ses congés, à ses frais et avec des ambitions éducatives. Nous avons visionné son travail en primeur. Sur la forme, son esthétique léchée lorgne du côté du vidéoclip. «C’est plus dynamique que m’en tenir aux habituels plans fixes», commente Luc Godonou Dossou. Lequel fait la part belle aux ralentis et aux gros plans sur le visage des interviewés, «ma marque de fabrique», dit-il. Certains y verront une ficelle redondante un peu facile.

Sur le fond, le film se veut «militant». Il commence sur une citation d’Obama à la gloire de la multiculturalité de l’équipe de France de football. Ses témoignages tissent une ode à un métissage généralisé présenté comme inévitable. Certains mettent aussi en lumière les difficultés rencontrées par les métis: le racisme évidemment mais aussi parfois la difficulté à intégrer en soi deux identités différentes. Malgré ces nuances, ce documentaire ne présente-t-il néanmoins pas un point de vue finalement plutôt consensuel? Luc Godonou Dossou est convaincu du contraire. «La récente élection d’un ultra-conservateur au Brésil ou les propos déplacés du journaliste Eric Zemmour montre que le métissage est encore rejeté de beaucoup. Parfois par racisme. Toujours par peur.»

Une invitation à métisser ses convictions

Contrairement à certains identitaires, le réalisateur ne croit pas qu’un trop grand métissage pourrait conduire à une dilution des identités et à un affaiblissement des cultures nationales. «Les traditions et les Histoires des pays sont solides. Les métis se les approprient et les enrichissent à leur manière.» Qu’on l’aime ou non, son film est prétexte à examiner à la loupe ses convictions sur le sujet pour peut-être conclure que rien n’est jamais tout à fait blanc ou noir...

Première de «Métis» suivie d’une conférence le 14 novembre à 17h15 dans la salle 1620-Géopolis de l’UNIL. Entrée libre. Bande annonce: https://vimeo.com/243473247

www.lucgodonoudossou.com