«Un projet compatible avec mes valeurs»

POLÉMIQUE • Avant d’être élu Municipal, David Payot avait acheté un appartement à une société créée par la Ville. Le Magistrat répond aux attaques.

  • David Payot objet d’une polémique sans fondement? dr

    David Payot objet d’une polémique sans fondement? dr

Lausanne Cités: Au moment où vous êtes entré en fonctions, en 2016, aviez vous pensé que l’acquisition d’un appartement auprès de la société immobilière de la ville de Lausanne pouvait poser problème?

David Payot: Je trouve légitime que certains se posent des questions, car il faut que l’attribution de logements se fasse de manière transparente et sans privilèges. Et s’il y a une règle générale, elle doit aussi s’appliquer à mon cas! Dès 2014, j’ai donc apprécié que la Société Immobilière Lausannoise pour le Logement (SILL) traite tous les dossiers selon une procédure claire et planifiée. De mon côté, j’ai signalé ma situation à la Municipalité dès mon entrée en fonction, en indiquant l’achat conclu en 2014. La Commission de gestion a également été informée après mon déménagement.

Cette acquisition a donc été négociée et conclue bien avant que vous n’ayez été élu. Comment expliquez vous qu’une polémique naisse aujourd’hui?

Le débat, à condition qu’il ne soit pas détourné, peut avoir lieu en toute transparence. On peut ainsi se demander si l’attribution a été impartiale, et je pense que nous pouvons fournir des arguments pour le confirmer. On peut aussi se demander si je n’aurais pas dû, pour être au-dessus de tout soupçon, renoncer à l’achat. Mais casser l’engagement d’achat pour rechercher un autre acquéreur aurait aussi eu potentiellement des inconvénients pour la SILL, et cela pouvait de nouveau représenter une inégalité de traitement. J’ai donc trouvé plus logique d’être traité comme n’importe quel citoyen, que de solliciter un traitement d’exception, dans quelque sens que ce soit.

A travers la révélation de votre achat, le «procès subliminal» qui vous est fait est que l’on ne peut pas être à la fois popiste et accéder à la propriété. Que répondez-vous?

En tant que popistes, nous défendons la répartition des richesses, pas la pauvreté pour tous! Avant de postuler pour cet appartement, je me suis bien sûr demandé si cela correspondait à mes principes. Le projet offre des logements à loyer libre, à loyer subventionné et en propriété. La partie mise en vente apporte des liquidités, qui facilitent aussi la construction d’appartements en location. La Ville cède l’immeuble, mais garde la propriété du sol et donc une maîtrise à long terme. En cas de revente ou de location, les prix sont contrôlés par la Ville. Il me semblait donc que ce projet était compatible avec mes valeurs.

Enfin a qui profite cette polémique sur le plan politique? Ne cherche-t-on pas à vous faire payer votre effort de transparence financière et votre engagement en faveur des migrants?

Pour le moment, j’ai l’impression d’avoir essuyé plus d’attaques sur mon action en tant que citoyen que comme magistrat! C’est peut-être dû à une lutte de pouvoir entre partis, à laquelle j’essaie de ne pas donner suite. Si je fais de la politique, c’est pour faire avancer des projets, et je pense que c’est aussi ce qui intéresse les Lausannois. Un magistrat doit garder une certaine réserve, pour permettre à chaque citoyen de vivre selon ses convictions. Mais il ne doit pas non plus faire disparaître les siennes, sous prétexte qu’elles peuvent déplaire aux autres. Vivre dans un système démocratique, cela veut dire accepter les règles de la collectivité, mais aussi pouvoir demander leur changement.