Une conseillère communale accuse la Municipalité d'avoir violé le secret de fonction

POLEMIQUE • Vilipendée après avoir participé à une séance du Conseil communal accompagnée d’un garde du corps, la conseillère communale Sandra Pernet réagit. Et fustige la Municipalité qu’elle accuse d’avoir violé le secret de fonction en laissant filtrer cette information avant ladite séance. Preuve à l’appui!

  • Sandra Pernet, conseillère communale PDC. DR

    Sandra Pernet, conseillère communale PDC. DR

C’est la présence d’un garde du corps - Sandra Pernet préfère évoquer un agent de sécurité - à ses côtés, lors de la séance du Conseil communal du 12 février dernier, qui a suscité la polémique. Une situation qu’elle a mal vécue et qui la pousse aujourd’hui à contre-attaquer et à dire sa vérité. «Il est temps de remettre l’Eglise au milieu du village, explique l’élue PDC. J’avais préalablement averti la Municipalité de ce fait bien avant la séance. L’agent qui m’accompagnait a laissé son arme à l’entrée du Conseil et personne, à l’exception des membres de la Municipalité, ne pouvait savoir que j’étais accompagnée. Seulement voilà, l’information a fuité.»

Un combat contre le deal

Et Sandra Pernet de dévoiler une capture d’écran qui fait état d’un message envoyé sur Messenger par un Municipal à une tierce personne, avant la séance, à qui il mentionne le fait que l’élue allait s’y rendre accompagnée d’un garde du corps armé. «Sans ce message, soutient-elle, rien ne se serait passé. La presse n’aurait pas été mise au courant et il n’y aurait eu aucune polémique. Il y a donc eu clairement violation du secret de fonction de la part du Municipal concerné.»

Malgré cela, elle assure qu’elle n’est n’est pas en colère. Juste remontée. «Pas pour moi, tient-elle à préciser. Pour les jeunes, car pour eux, ici à Lausanne, il y a aujourd’hui urgence!» Selon elle, une partie de la jeunesse locale est en effet abandonnée par les pouvoirs publics qui préfèrent «cacher la merde sous le pot où, en l’occurrence, sous les bancs et les bacs à fleurs, plutôt que d’empoigner les vrais problèmes liés au trafic de drogue en ville.»

Le deal de rue. Le combat personnel que mène l’élue PDC depuis quelque temps déjà. En mai dernier, elle était à l’origine, avec le cinéaste Fernand Melgar, d’une manifestation anti-dealers sur la place Chauderon dénonçant leur présence en plein jour au centre-ville. Depuis, le calme est revenu, mais tout trafic n’a pas disparu pour autant. Et Sandra Pernet, à sa manière, entend le prouver. Comme le 30 janvier dernier, sur les ondes de La Télé, en montrant des captures d’écran «piquées» sur le réseau social Snapchat cette fois où on voit une belle quantité de résine de cannabis et un chiffre apparaître régulièrement, le chiffre 31!

Des menaces

Cette découverte, elle l’a faite en se créant un faux profil. «En peu de temps, par recoupements et en me déplaçant aussi sur le terrain, le puzzle s’est mis en place. J’ai pu collecter des informations qui m’ont permis de remonter jusqu’aux dealers.» Des trafiquants qui agissent, dit-elle, notamment du côté des Boveresses et de Praz-Séchaud, le chiffre 31 coïncidant avec celui d’un immeuble bien précis où se passe le deal. Dans la foulée, l’élue PDC apporte les preuves enregistrées sur son ordinateur à la police et porte l’affaire au plan politique en déposant une interpellation urgente précisant, entre autres, que ce trafic a aussi des conséquences sociales, notamment en termes de décrochage scolaire.

Cet activisme ne reste cependant pas sans conséquences. Dans le même temps, elle reçoit des menaces. Sur les réseaux sociaux et sur son portable. «On va te planter!» lui fait-on savoir. Elle engage alors un agent de sécurité. «Ce sont des collègues qui m’ont encouragée à me faire accompagner. Je l’ai fait pour eux et mes proches!» En réponse, la Municipalité relève que «les écoles du nord de la ville n’identifient pas de problèmes de consommation de substances illicites particuliers dans leur quartier par rapport à d’autres» ni n’observent de recrudescence des délits ou autres violences de périmètre. Ce qui fait bondir la conseillère communale: «On se voile la face comme si on avait honte d’admettre qu’on a failli, s’insurge-t-elle. Les problèmes de violence existent. Il y a un manque certain d’encadrement dans ces quartiers et le deal des jeunes y est bien réel. Cela engendre, entre autres, du décrochage scolaire et ça complique le cadre éducatif familial.»

De manière pour le moins surprenante, la majorité du Conseil communal a refusé de débattre de la résolution déposée par Sandra Pernet à la suite de son interpellation. Un acte rare qui ne laisse pas d’interroger: malaise à l’idée de débattre du sujet? Volonté de museler celle qui l’a amené? Dans tous les cas, Sandra Pernet n’entend pas en rester là. Elle envisage de porter plainte contre la Municipalité pour non respect de la convention des droits de l’enfant et affirme haut et fort que son combat pour la jeunesse lausannoise, ainsi que contre le deal et ses néfastes conséquences, va continuer. Contacté, le syndic Grégoire Junod dit prendre acte, mais ne tient pas à réagir à chaud. Il réserve sa réponse pour ces prochains jours.