Une pétition entre dissensions et récup’...

COMMERCE • La pétition des commerçants lausannois contre la fin des parkings gratuits a rencontré un vrai succès populaire, mais qui masque de profondes dissensions dans le monde disparate des commerçants.

  •  Philippe Bovet et Guy Gaudard, respectivement président et vice-président de l’Association des commerçants, lors de la remise de la pétition.verissimo

    Philippe Bovet et Guy Gaudard, respectivement président et vice-président de l’Association des commerçants, lors de la remise de la pétition.verissimo

Deux mois après son lancement, la pétition contre les parkings payants a regroupé plus de 13’000 signatures qui ont été officiellement remises à la Municipalité par l’association des commerçants lausannois. Pour rappel, au cœur de l’été dernier, la Municipalité avait décidé de supprimer l’heure de stationnement gratuite entre 12h30 et 13h30 dans tout le centre de Lausanne. Sans compter la fin de la gratuité au bord du lac et au Chalet-à-Gobet, qui a fait grincer bien des dents du côté des familles lausannoises.

Alors évidemment, près de 14’000 signatures représentent un véritable succès, même si la municipale concernée Florence Germond, promet d’en examiner la provenance «avec attention». Etonnamment, ce succès incontestable masque des divergences profondes au sein du monde très hétéroclite des commerçants lausannois.

Dès le début, certains ont fait preuve d’une valse-hésitation pour le moins déroutante. Gastro Lausanne, association faîtière des restaurateurs lausannois a ainsi hésité avant de se joindre au mouvement, une fois la première vague de signatures recueillie. Après nous avoir annoncé qu’elle s’associait à la récolte de signatures, Hôtellerie lausannoise, l’association des hôteliers lausannois s’est très rapidement rétractée. Quant à Déclic, autre association lausannoise vouée «à veiller au maintien de l’emploi et du potentiel économique lausannois», elle a préféré botter en touche dès le début.

L’hésitation n’a pas épargné l’Association des commerçants lausannois, pourtant fer de lance du mouvement de protestation et initiatrice de la pétition. «Certaines séances ont été très houleuses, explique ainsi une source très proche du dossier. Parfois des noms d’oiseaux ont même fusé, et le principe même de la pétition n’a été acquis qu’après moult palabres.»

Intérêts divergents

A l’origine de ces hésitations, des intérêts divergents de la part de commerçants aux profils très différents - qu’y a-t-il en effet de commun entre un petit commerçant indépendant et une grande enseigne qui a pignon sur rue en plein centre de Lausanne? - et la volonté marquée par certains d’épargner la Municipalité avec laquelle ils entretiennent des relations régulières qu’ils souhaitent préserver pour ménager l’avenir. «Les petits indépendants ont bien plus à perdre de la fin du stationnement que d’autres, commente une autre source. Leurs commerces sont fragiles, bien plus soumis aux aléas de la conjoncture que des franchises de grandes marques ou des hôtels de prestige!»

L’autre ligne de fracture est celle qui sépare commerçants et partis politiques. Si les partis de gauche qui détiennent une large majorité au sein de la Municipalité ont fait preuve d’un silence évident, les partis de droite UDC en tête et PLR dans une moindre mesure, ont très vite réagi, soutenant la pétition et brandissant sans hésiter la menace d’une initiative si la Municipalité venait à ne pas en tenir compte. L’occasion, en toutes arrières-pensées, de faire un joli coup à bon compte. Au risque de susciter un accueil sceptique de la part des commerçants, désireux de ne pas faire l’objet d’une quelconque récupération politique.