Une photographe lausannoise dénonce les violences de son ex sur Instagram

VIOLENCES CONJUGALES • Le féminicide perpétré en mars dernier à Bussigny a poussé une photographe lausannoise à dénoncer sur sa page Instagram les violences conjugales que lui a fait subir son ancien compagnon, lui aussi photographe connu.

  • C’est sur Instagram que la photographe lausannoise a dénoncé les violences qu’elle a subies. DR

    C’est sur Instagram que la photographe lausannoise a dénoncé les violences qu’elle a subies. DR

«J’ai eu un besoin impulsif de rendre attentifs les gens à ce sujet». Le 24 mars, après avoir pris connaissance du féminicide commis quelques jours auparavant à Bussigny, Maria (*) une photographe lausannoise, prend son smartphone et publie une story sur Instagram dans laquelle elle livre le nom de son ancien compagnon, un autre photographe, qui durant des années lui aurait fait subir les affres de sa violence, elle qui finit même par se retrouver hospitalisée en 2015, le corps meurtri et blessé. «Personnellement, j’aurais pu à plusieurs reprises mourir sous les coups de cette personne que beaucoup ne voient pas comme un prédateur».

Pas suffisant pourtant pour que, à l’instar de bien des victimes, elle se décide à porter plainte: «L’essentiel pour moi était d’aller mieux. Porter plainte n’aurait servi à rien, cela ne l’aurait certainement pas poussé à changer. Il aurait plutôt fallu qu’il se fasse soigner», justifie-t-elle avant d’ajouter: «En revanche, je n’ai aujourd’hui aucune crainte qu’il m’attaque en diffamation», ajoute-t-elle. «Il est au courant que je l’ai dénoncé à maintes reprises».

Aspect militant

Incontestablement, c’est le féminicide de Bussigny au cours duquel, le 19 mars dernier, un policier lausannois étrangla sa compagne brésilienne dans son appartement, qui a fait office de détonateur. «Quand j’ai vu ce féminicide, moi qui aurais pu mourir de violences conjugales, j’ai senti que je me devais de partager mon histoire une nouvelle fois auprès de mes abonnées. Pour expliquer que la violence conjugale peut malheureusement arriver à n’importe qui. Moi-même qui me suis toujours vue comme une femme indépendante, je l’ai vécue dans ma chair», explique Maria. Avant d’ajouter: «Et puis j’ai souhaité rappeler que les bourreaux peuvent toujours répéter leurs actes. Il y a donc clairement un aspect militant dans ma démarche».

Le recours aux réseaux sociaux pour dénoncer les violences conjugales est en tous cas de plus en plus courant: «C’est nécessaire. Le système juridique ne protégeant pas correctement les femmes des violences subies, c’est la seule solution qui apparaît. Les réseaux sociaux, c’est la voix du peuple dans la rue» lance Céline Misiego, députée du parti POP et Gauche en mouvement au Grand Conseil vaudois et membre du collectif féministe vaudois Feminista qui lutte pour l’égalité des sexes.

Impact positif

La publication de la story a en tous cas suscité de multiples réactions: «J’ai reçu beaucoup de témoignages de femmes photographes qui ont travaillé avec mon ancien compagnon et qui ont vécu une mauvaise expérience. Mais aussi, à ma surprise, beaucoup de partages et de témoignages d’internautes ayant subi des expériences similaires», révèle la photographe, manifestement heureuse de la libération de la parole entraînée par son coup de gueule. Contacté à plusieurs reprises, son ancien compagnon n’a pas donné suite à nos demandes.

* Prénom fictif, identité connue de la rédaction