Vaudeville littéraire à la BCU

CONTROVERSE • Plagiat ou malentendu? Auteur d’un livre à compte d’auteur paru en 1992, le Lausannois Olivier Racine en retrouve trace à la Bibliothèque cantonale universitaire (BCU) sous la forme d’un bouquin qui en reprend intégralement son premier chapitre. Il porte plainte.

  • Olivier Racine a décidé de porter plainte pour plagiat. EDDY MOTTAZ

    Olivier Racine a décidé de porter plainte pour plagiat. EDDY MOTTAZ

  •  Olivier Racine a décidé de porter plainte pour plagiat. EDDY MOTTAZ

    Olivier Racine a décidé de porter plainte pour plagiat. EDDY MOTTAZ

Certains disent qu’il est mytho. D’autres qu’il est un peu fou. Ou en tous cas qu’il a un égo démesuré. Quoiqu’il en soit, là où il passe, il ne laisse personne indifférent. Baroudeur, grande gueule - il a toujours une anecdote croustillante à raconter -, touche à tout - il a été tour à tour responsable de la coordination opératoire au CHUV, responsable d’un Swatch store au Musée Olympique, conseiller en protection juridique, cadre en assurances dans une organisation de santé - et écrivain - 4 ouvrages à son actif dont le désormais célèbre «Cervin et Toblerone en Corée du Nord» -, le Lausannois Olivier Racine, 55 ans cette année, est un homme d’excès et de défis qui marche à l’adrénaline et au culot. Ce qui lui réussit plutôt bien. Mais, surtout, c’est un homme qui ne s’ennuie jamais et à qui il arrive toujours quelque chose.

Un livre écrit en 1992

Pour preuve: à la mi-décembre dernier, un peu par hasard, il apprend qu’un probable plagiat était référencé auprès de la Bibliothèque Cantonale Universi- taire (BCU) concernant un livre, «Mon voisin s’appelle Paradis» qu’il avait écrit en... 1992! Il se rend donc à la bibliothèque pour en avoir le cœur net et obtient le droit de consulter l’ouvrage en question. «Il s’agissait bien d’un petit livre de 25 pages relié très professionnellement, intitulé “Un Palinzard à la conquête du monde: le dossier pour la presse” avec une couverture orange, et publié à 250 exemplaires» explique-t-il. «En l’ouvrant j’ai constaté qu’il s’agissait de l’intégralité du premier chapitre de mon livre «Mon Voisin s’appelle Paradis» publié à compte d’auteur.» Plus même: il découvre que les pages reliées ne sont ni plus ni moins que celles de son manuscrit original tapé à la machine à écrire, qui plus est avec des notes manuscrites de sa main genre ajout, mémo ou corrections de fautes d’orthographe. «En clair, il ne s’agissait pas d’un simple plagiat, mais d’une photocopie de l’original publié tel quel!»

Un dossier de presse

Ni une, ni deux, Olivier Racine contacte alors le responsable de la maison d’édition incriminée. En l’occurence Schüp, fondateur du Centre de recherches périphériscopiques dans les années 1970, un lieu de diffusion de la pensée satirique. ☺«Ce dernier n’a pas pu me fournir la moindre explication crédible, tant sur la provenance du manuscrit, dont les pages ont été retranscrites pour publication chez eux, ni me dire pourquoi l’autorisation ne m’a jamais été demandée», note Olivier Racine. Contacté par nos soins, Schüp ne dément pas. «En 50 ans, c’est la toute première fois qu’un tel cas se présente», note ce prof à la retraite qui, il l’avoue bien volontiers, s’inspire du personnage d’Alfred Jarry, créateur de la pataphysique, une pseudo-science du loufoque et de l’absurde. Et d’ajouter: «À l’époque, c’était plus un gag qu’autre chose. J’ai cru qu’il s’agissait d’une sorte de dossier de presse et non d’un ouvrage. Le document était simplement dactylographié. J’en ai édité 250 exemplaires, parmi lesquels une centaine a été donnée aux abonnés du Centre. Les autres sont encore en ma possession. Je n’ai tiré aucun bénéfice de cette opération puisque l’ouvrage n’a circulé qu’à l’interne.»

Mais Olivier Racine n’en démord pas. «Il y a eu vol du travail d’un auteur amenant à une publication non-consentie», insiste-t-il. Il a donc porté plainte et les deux protagonistes de cette affaire, sur laquelle souffle comme un air de Clochemerle, se retrouveront au Tribunal à la mi-avril pour régler ce différend.