Virés de leur appart, ils disent non!

ALOYS-FAUQUEZ • Les habitants des bâtiments de la rue Aloys-Fauquez 26 et du Parc-de-la-Rouvraie 4 poursuivent leur lutte contre les résiliations abusives dont ils se disent victimes. Ils ont lancé une pétition qui comptabilise déjà plus de 1500 signatures.

  • Les locataires ont lancé une pétition et la Ville s’est saisie du dossier. MISSON

    Les locataires ont lancé une pétition et la Ville s’est saisie du dossier. MISSON

«Ma femme et moi habitons l’immeuble depuis octobre 1977. Cet appartement a toujours été celui de nos rêves. Un rêve qui s’est transformé en cauchemar en octobre dernier.» Le 17 octobre, Samir Hage, tout comme les locataires des 159 autres appartements de la rue Aloys-Fauquez 26 et de la Rouvraie 4, a reçu une lettre de résiliation au 31 janvier 2019. Le propriétaire, Crédit Suisse, y prévoit en effet des travaux d’envergure, comprenant désamiantage et rénovations des cuisines et salles de bain. Ces derniers ne pourraient pas, selon Crédit Suisse, être effectués sans déloger les locataires. Exactement 41 ans après son emménagement, Samir Hage a la gorge nouée par cette annonce, arrivée sans consultation préalable. Il n’est bien sûr pas le seul. Les locataires ont immédiatement pris les mesures nécessaires: oppositions et constitution d’un dossier «béton», pour contrer des résiliations jugées abusives. Aujourd’hui, pour poursuivre la lutte et activer la pression politique, une pétition, adressée au Conseil communal et au Département cantonal des institutions et de la sécurité (DIS) a été lancée. Elle comptabilise déjà plus de 1500 signatures écrites et informatiques.

Résiliations à l’encontre de la loi

«La nouvelle loi sur la préservation et la promotion du parc locatif (LPPPL), entrée en vigueur en janvier 2018, a pour but de renforcer la protection des locataires», insiste Benoît Gaillard, conseiller communal socialiste, qui prête main forte aux locataires lésés. «Cette manière de faire n’est pas respectueuse de l’esprit de la loi, qui stipule clairement que le propriétaire doit consulter les locataires avant, et leur permettre de s’exprimer sur le projet. Un constat que rejoint le syndic Grégoire Junod. Fin novembre, la Municipalité a rencontré le propriétaire et proposé de réaliser les travaux par étape, sans résiliation des baux. «Mais il n’a rien voulu entendre», informe le syndic. Qui confirme que la résiliation des baux survenue au même moment que l’ouverture de la consultation permet «des doutes sur la conformité juridique de la procédure. C’est une question sur laquelle l’Etat devra trancher.»

Espoir dans les autorités

L’espoir des locataires demeure justement dans la pression politique qui pourra être exercée, notamment grâce à la pétition. En effet, pour que le propriétaire puisse appliquer son projet, une autorisation du Canton, sur la base d’un préavis communal, est nécessaire.

De son côté, Crédit Suisse assure avoir respecté la loi: «Les informations ont été communiquées comme la LPPPL le prévoit. En plus des rencontres individuelles proposées aux locataires, un dossier d’accompagnement a été remis individuellement.» Un dossier qui laisse dubitatif Alain Joly, habitant et représentant des locataires des deux immeubles. «Certaines personnes sont là depuis des dizaines d’années. Se reloger aux mêmes conditions est impossible.» Les locataires se sentent profondément méprisés par un comportement «cupide et sans humanité».

Une grande majorité d’entre eux s’est adjointe l’aide de l’Asloca (Association suisse des locataires). Une séance de conciliation aura lieu le 11 avril avec le propriétaire.