Décidément, les monnaies locales ont le vent en poupe. Emises par des associations, ces monnaies non intégrées à la spéculation financière, permettent aux habitants de régler leurs emplettes auprès des commerces locaux, sur des bases sociales et solidaires. Cette fois, c’est au tour de Rolle de prendre le train du commerce social et éthique au travers d’un projet de lancement d’une monnaie complémentaire, cette fois appelée «Perle», en référence au surnom usuellement donné à la ville. A l’origine de cette initiative, Christophe Brésilley, un imprimeur bien connu des Rollois, inspiré par une très ancienne expérience de monnaie bâloise, le WIR. «Affilié à la banque WIR depuis très longtemps, je suis habitué à l’usage d’une deuxième monnaie et j’en connais les avantages et les opportunités, explique-t-il. Et puis, j’ai aussi été inspiré par le film «Demain», qui montre bien à quel point le système bancaire actuel n’est pas profitable à la population, mais bien aux actionnaires».
Pour l’heure, le projet n’en est qu’au stade embryonnaire, et aucune Perle ne circule encore. Christophe Brésilley en est au travail de sensibilisation et d’information, histoire d’identifier et de mobiliser les potentiels partenaires, pour l’instant poliment intéressés.
«Je prends mon bâton de pèlerin pour rencontrer les gens et leur expliquer tout l’intérêt d’une monnaie locale, détaille-t-il. C’est long et fastidieux, mais indispensable. L’accueil est plutôt favorable, personne ne me dit que c’est nul, mais personne n’a d’argent pour faire réellement démarrer le projet. Mais je ne désespère pas de procéder dès que possible au lancement officiel de cette monnaie, dès lors que j’aurais reçu le soutien indispensable».
Un soutien difficile à obtenir, le Groupement des commerçants de Rolle a pris acte de l’initiative, tandis que les autorités rolloises ont fait par du projet sur le site web de la commune, sans autre implication. «Ils attendent d’abord que ça bouge, déplore Christophe Brésilley et c’est dommage car la Municipalité pourrait y voir une vraie occasion de dynamiser le commerce local».
Non au Léman
Reste une option: renoncer à la Perle, au profit du Léman, une monnaie déjà locale lancée à Genève et qui commence à prospérer le long de l’arc lémanique, mais qui ne séduit pas Christophe Brésilley: «L’un des objectifs prioritaires d’une monnaie locale est de donner un coup de pouce au commerce local, observe-t-il. Or je ne me vois pas aller jusqu’à Genève pour faire mes courses. Et puis le Léman est pour l’instant très associé à l’agglomération du Grand Genève, comprenant la zone transfrontalière et ouvert sur la France. Pour l’instant on a à peu près une parité franc-euro mais je me demande ce que deviendrait le Léman avec un taux à 1.50 ou même à 1.20!».