«Une ville en plein renouvellement»

MORGES • Elle donne l’aspect d’une ville en plein chantier. Entretien à mi-législature avec son syndic Vincent Jaques.

  •  Vincent Jaques, syndic de Morges. CA

    Vincent Jaques, syndic de Morges. CA

Morges est en plein travaux. Êtes-vous satisfait de leur évolution?

Oui, c’est le signe que la ville se renouvelle. D’une manière générale, je suis très satisfait de la manière dont la Ville coordonne les chantiers et assume sa part de responsabilité. En ce qui concerne les chantiers de la gare, les relations sont en outre très bonnes avec les entrepreneurs et les CFF et les nuisances sont contenues au maximum.

On entre donc enfin dans le vif du sujet...

Oui, on a vécu 15 ans de planification et de procédures et cela n’a pas toujours été facile d’expliquer à la population que les choses allaient changer en profondeur. L’avantage, c’est que nous avons eu le temps de préparer les esprits aux changements, et personne n’a été trop surpris quand les chantiers ont été mis en route.

Mais cela doit rester assez stressant!

Bien sûr, ce n’est pas facile de tenir les délais, entre les travaux qui incombent aux entreprises et ceux qui incombent à la Ville. Les processus décisionnels sont longs et il nous faut tout coordonner pour qu’à la fin on se retrouve avec des quartiers construits et dotés des infrastructures nécessaires.

Quels sont les enjeux désormais?

Il va falloir élaborer les concepts qui vont suivre en termes d’aménagement des espaces publics et de mobilité. Ce sont des enjeux qui concernent toutes les villes et j’espère que les projets morgiens plairont. La Municipalité de Morges ne ménage pas ses efforts pour faire de la pédagogie en multipliant les démarches participatives et les actions de concertation.

Ces gros travaux cristallisent l’attention des Morgiens, mais il y a tout le reste...

Absolument! Depuis le début de la législature, on a pu concrétiser l’engagement de plusieurs délégués (au sport, à la cohésion sociale, à l’environnement et à la promotion économique, ndlr) qui travaillent à mettre sur orbite nos politiques publiques. L’arrivée du délégué à la promotion économique a par exemple montré aux entreprises que la porte de la Municipalité était ouverte. L’autre avantage, c’est que ce sont toutes des personnalités jeu-

nes qui remettent les compteurs à zéro avec leur regard neuf.

RIE III entre bientôt en vigueur. Morges est-elle prête?

Notre chance aujourd’hui, c’est que la situation financière de Morges est saine, et nous espérons conserver une certaine marge de manœuvre. Avec mes collègues syndics, nous partageons toutefois notre inquiétude de devoir élaborer des budgets dans un contexte incertain et plus difficile; nous devrons supporter l’introduction de la RIE III avec des pertes fiscales substantielles. Mais il ne faut pas paniquer, tout freiner et geler les investissements. Ce qui est sûr, c’est que nous ne verrons les conséquences de la RIE III que sur plusieurs années, puis on gagnera en stabilité économique.

A Morges les petits commerçants sont très inquiets pour leur avenir. Sentez-vous cette inquiétude?

Je la sens et la partage, même si Morges n’est pas si mal lotie et que notre centre-ville n’est pas déserté. Cependant, nous sommes dans une période ou la vitalité des petits commerces est en danger avec des géants de vente en ligne comme Amazon et Zalando et les clignotants sont clairement à l’orange pour le commerce local. La branche va devoir se réinventer, tandis que la Ville fera ce qu’elle peut à son niveau, surtout en termes d’attractivité de l’espace public. Nous avons commandé une étude dont les conclusions seront bientôt publiées.

Le Conseil communal a refusé un crédit pour la Patinoire, ce qui aurait permis à Morges de participer au JOJ 2020. N’avez-vous pas un pincement au cœur?

Oui, bien sûr, d’autant que la vision municipale n’a pas été comprise, et qu’on lui a opposé une vision liée aux coûts. Or le jeu en valait la chandelle pour que Morges participe à un événement dont les retombées sont importantes en termes de rayonnement. Certains ont du mal à entrevoir que Morges doit se positionner et assumer son statut de Ville, mais c’est la démocratie. Désormais on se focalise sur tout le reste en soutenant les nombreux événements sportifs et culturels qui ont lieu à Morges!

En parlant de rayonnement, le Nobel de Jacques Dubochet a dû être une divine surprise...

C’est vrai et j’aime beaucoup ce qu’il dit: «Ce prix m’a offert une voix». Je pense que non seulement cette voix est très belle, très sincère, mais elle est aussi très morgienne.