Inflation: les matières premières flambent

Le bois, le plastique et l’acier ont vu leurs prix grimper ces derniers mois. Cette hausse se poursuit cet été. Dans le bâtiment, les entreprises doivent soit réduire leurs marges soit augmenter leurs prix.

Du jamais vu! «L’acier n’a jamais été aussi cher. Depuis la fin de l’année dernière, c’est exponentiel!» Voilà maintenant des mois qu’Ana Roch, de la société vaudoise Ventilogaine, voit le prix de cette matière première grimper en flèche. Le kilo qui se vendait encore moins d’un franc à l’automne 2020 a désormais allégrement franchi la barre des deux francs. «Si on répercute cette hausse auprès de nos clients, on ne travaille plus. D’un autre côté, en achetant la matière première à un tel prix, nos marges se réduisent comme peau de chagrin.» Un problème auquel s’ajoute celui des délais. Car, il y a pénurie. «Les stocks d’acier sont vides. Les quotas d’importation dépassés. Et, qui plus est, nos fournisseurs n’ont aucune visibilité sur la réception de la marchandise», décrit Ana Roch. Touchant la Suisse romande, ce manque criant d’acier est en réalité européen voire mondial. L’une des principales causes: l’arrêt des fourneaux pendant la crise sanitaire. Mais l’acier n’est pas la seule matière première dont les prix ont explosé ces derniers mois. Et ce pour diverses raisons.

Flambée du pétrole

Dans une récente publication, la Société Suisse des Entrepreneurs évoque l’inflation des produits à base de pétrole: «En mars 2020, au début de la pandémie, le prix du baril s’était effondré à 20 dollars US. Un an après, le prix est remonté à 70 dollars. Cela s’explique d’une part par la réduction de la production et des capacités de transport, et d’autre part par le caractère fluctuant des prévisions conjoncturelles, qui oscillent entre optimisme et pessimisme.» Avant d’ajouter: «Dans le même temps, les producteurs de produits plastiques ont également réduit leur production et leurs stocks, ce qui a conduit à une raréfaction de l’offre sur le marché mondial. Cela concerne notamment les tuyaux plastiques, les isolants et les géotextiles. Les hausses de prix atteignent des niveaux très divers, probablement en raison de la nervosité actuelle. La branche de la construction estime cependant que la situation devrait à nouveau se stabiliser à moyen terme.» De son côté, le 19 mai, la Fédération vaudoise des entrepreneurs annonçait une légère reprise des affaires dans la construction mais précisait que «l’entier du secteur doit faire face à une pénurie de matériaux et de matières premières, ce qui allonge les délais et provoque une flambée des prix d’achat».

Hiver texan

Au-delà des effets de la crise sanitaire, plusieurs facteurs expliquent la hausse du coût et la pénurie de matières premières. Ainsi, le fait que l’activité ne soit pas repartie partout en même temps joue un rôle. La Chine et les Etats-Unis ont joui d’une longueur d’avance sur les autres et ont donc puisé dans les stocks de matières premières notamment européens. Quant à la pénurie de PVC, elle s’explique notamment par l’hiver apocalyptique qu’a connu le Texas, mettant les productions américaines à l’arrêt. Autre facteur aggravant: l’activité de fret maritime peine à repartir. Résultat: les affréteurs se battent pour obtenir des containers faisant ainsi grimper les prix.