Les grands favoris de cette Coupe 2018

ANALYSE • La Coupe du monde s’ouvre ce 14 juin en Russie et, avec elle, les paris concernant le futur palmarès. Une chose est sûre, les grandes équipes n’ont pas l’intention de boycotter la compétition et le niveau a rarement été aussi élevé. Petit tour d’horizon des forces en présence.

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L’ogre allemand
A tout seigneur tout honneur, la sélection allemande arrive en Russie pour glaner un second titre consécutif. Une performance rare que seuls l’Italie (en 1934 et 1938) et le Brésil (en 1954 et 1958) sont parvenus à réaliser. Mais rien ne semble impossible à la Mannschaft. L’élimination précoce en demi-finale de l’Euro 2016 contre la France a servi d’électrochoc. L’équipe qui est sortie victorieuse du Mondial brésilien, en étrillant la Seleçao 7 buts à 1, est devenue encore plus forte. La grande réussite de son sélectionneur Joachim Löw est d’avoir su conserver une armature solide de joueurs devenus expérimentés, comme Neuer, Hummels, Khedira, Kroos, Müller et Ozil, tout en incorporant de jeunes stars au talent éclatant, comme Draxler, Werner ou Can. Le résultat est sans appel, l’Allemagne a bouclé son parcours qualificatif avec dix victoires en autant de matchs, quarante-trois buts marqués, soit plus de quatre par match en moyenne, et seulement quatre buts encaissés.

Le Brésil en rédemption
Nous sommes le 13 juillet 2014 à Rio, il est 16 heures. Le stade Maracana résonne d’une manière singulière. On dirait qu’il pleut sur la ville, mais ce n’est pas de l’eau. Le Corcovado pleure son équipe qui n’a pas été capable de se hisser en finale et qui a sombré face à l’Allemagne. Ultime affront, c’est l’éternel rival argentin qui a une possibilité de soulever le trophée tant convoité. La veille, à Brasilia, le Brésil avait définitivement sombré face aux Pays-Bas dans le match pour la 3e place. Le pays qui compte le plus de victoires finales en Coupe du monde a les deux genoux à terre. Mais il se relèvera vite: deux ans plus tard, la Seleçao prend sa revanche sur l’Allemagne et emporte la médaille d’or aux JO de Rio. C’est Neymar, le grand absent de la déroute, qui inscrit l’unique but de la finale. L’ère du sélectionneur Tite, adulé dans son pays, s’ouvre de la meilleure façon possible. Les éliminatoires de la zone sud-américaine viennent confirmer ce renouveau.  Si le mental se hisse au niveau du talent, rien n’arrêtera les Brésiliens.
L’Espagne conquérante
Contrairement à la France, qui a dû attendre une quinzaine d’années pour retrouver une équipe compétitive après le double sacre de 1998 et de 2002, il aura fallu beaucoup moins de temps à l’Espagnepour retrouver son niveau de jeu. La Roja fait de nouveau peur. La victoire en amical 6 buts à 1 face à l’Argentine de Lionel Messi a marqué les esprits. Le parcours qualificatif des hommes de Julen Lopetegui, sans la moindre défaite, aussi. On aurait pu craindre que les divisions qui traversent l’Espagne mettent à mal la cohésion du groupe, mais il n’en est rien. L’équipe construite autour de Sergio Ramos, Thiago, Isco, David Silva et Morata n’a jamais été aussi soudée. L’Invincible Armada est de retour.

La France en épouvantail
Légèrement en retrait par rapport aux grands favoris que sont le Brésil, l’Allemagne et l’Espagne, l’équipe de France fait figure d’épouvantail. Personne ne souhaite réellement tomber sur le chemin des Bleus. Peut-être encore plus à l’étranger que dans l’Hexagone, un peu comme en 1998, le onze tricolore est craint. Il faut dire que son effectif comporte les joueurs les plus prometteurs (et les plus chers aussi derrière Neymar) du football actuel. Kylian Mbappé, le Parisien, Ousmane Dembélé, le Barcelonais, ou encore Paul Pogba, le milieu de Manchester United, ont battu tous les records de précocité. Il leur faut maintenant prouver que les plus grands clubs du monde ont eu raison de miser autant sur eux. Vingt ans après le sacre de 1998, une des plus belles générations de l’histoire du football français a de nouveau rendez-vous avec la Coupe du monde.

Les outsiders
Ils ne sont pas tout à fait favoris, mais ils ont largement les moyens d’aller au bout. Ce sont les outsiders. On peut citer tout d’abord la Belgique qui impressionne toujours autant sur le papier et qui a bouclé un parcours qualificatif de grande classe. Il reste pourtant aux coéquipiers d’Eden Hazard un dernier palier à franchir afin de s’inscrire parmi les plus grands. L’Angleterre, qui arrive enfin à sortir une équipe compétitive, est en début de cycle et sera sans doute l’une des grandes attractions du Mondial russe. Il ne faut bien sûr pas oublier l’Argentine qui, malgré ses derniers résultats inquiétants, reste une immense nation du football avec, comme capitaine, Lionel Messi qui est sans doute le meilleur joueur de l’histoire du football. Champion d’Europe en titre, le Portugal peut tout à fait créer une nouvelle fois la surprise, grâce notamment à sa star Cristiano Ronaldo. A moins, qu’une autre nation, comme la Pologne de Levandowski ou l’Uruguay de Cavani, ne fasse mentir tous les pronostics…

Lionel Messi, l'occasion rêvée

Lionel Messi profitera-t-il du Mondial russe pour clore à tout jamais l’éternel débat qu’il suscite: est-il le plus grand joueur de tous les temps? Ses statistiques parlent pour lui: la Pulga (la puce) a inscrit 546 buts en 631 matchs avec le FC Barcelone. De la Ligue des Champions au Mondial des Clubs en passant par le championnat et les coupes nationales, ce natif de Rosario, arrivé en Espagne en 2000, a remporté. Tout ce qu’il est possible de gagner avec son club. Ses raids solitaires, tout comme ses passes lumineuses, resteront gravés à jamais dans l’inconscient collectif, à l’image de ceux d’un Maradona ou d’un Pelé. Mais un dernier point reste encore à trancher. Un grand joueur ne rentre au Panthéon du football que s’il signe une grande Coupe du monde. Pelé, Maradona ou encore Zidane le savent mieux que quiconque. Avec l’Argentine, Messi, qui a pourtant remporté cinq ballons d’or, n’a jamais vraiment atteint le niveau qu’on lui connaît en Espagne. Le Mondial en Russie est l’occasion rêvée pour faire taire à jamais ses derniers détracteurs.

Neymar, la diva

Même Lionel Messi et Cristiano Ronaldo ne font pas couler autant d’encre. L’arrivée rocambolesque de Neymar au Paris Saint-Germain pour la modique somme de 280 millions d’euros - record absolu du prix de transfert d’un joueur - a fait entrer le natif de Magi das Cruzes dans une dimension qui dépasse largement le cadre du football. Neymar n’est pas une star, c’est une icône. Tous ses faits et gestes sont décortiqués au microscope. Difficile dans ces conditions de garder la tête sur les épaules. Le virevoltant Neymar semble aussi insaisissable sur un terrain de foot qu’en dehors. Mais c’est sans doute le prix à payer pour profiter des exploits époustouflants de ce génie, digne héritier de Pelé, de Garrincha et de Zico. Neymar ne sait que trop bien l’importance de ce Mondial s’il veut venir marcher sur les plates-bandes de Messi et de Ronaldo. Il en a largement le talent, mais souvent, cela ne suffit pas.

Kylian Mbappé, le diamant brut

C’est peu dire que Kylian Mbappé est un joueur précoce. Il détient déjà de prestigieux records. Il est par exemple le plus jeune joueur à avoir atteint les dix buts en Ligue des Champions. Il devance ainsi Benzema, Saviola et un certain Lionel Messi. A seulement 19 ans, le Parisien est également le plus jeune joueur à avoir atteint le total de vingt buts en Ligue 1. Il est aussi le premier joueur né après la Coupe du monde 1998 à être sélectionné en équipe de France. Et l’on peut égrainer les records de l’ancien joueur de Monaco encore longtemps. C’est par exemple le joueur français le plus cher de l’histoire (180 millions d’euros). Mais les chiffres sont peu de chose face au talent brut. Avec Kylian Mbappé, l’équipe de France a sans doute touché le gros lot, comme on n’en tire qu’une ou deux fois par siècle, à l’image de l’Argentine avec Maradona ou du Brésil avec Pelé. Il lui faut confirmer tous ces fous espoirs placés en lui.

Cristiano Ronaldo, l'âge de raison

La rivalité qui l’oppose à Lionel Messi pour le titre de meilleur joueur du monde a nourri la carrière de Cristiano Ronaldo. C’est sans doute cette tension qui l’a élevé jusqu’aux plus hautes sphères du football mondial. Pourtant, depuis le titre européen du Portugal et depuis qu’il est un papa heureux, le buteur du Real Madrid semble avoir trouvé une paix intérieure. Sous l’aile de Zinedine Zidane, il a même accepté d’adopter un rythme de croisière qui correspond parfaitement et à son immense talent et à son âge désormais avancé (33 ans). Cristiano Ronaldo, dont le retourné acrobatique contre la Juventus de Turin en quart de finale de Ligue des Champions restera à jamais dans l’histoire du football, signe sans doute sa saison la plus aboutie. Lui qui a marqué 570 buts en 755 matchs en club se verrait bien offrir à son pays le premier titre mondial de son histoire.

Harry Kane, l'ouragan

L’histoire du football est pleine de ces récits incroyables qui en font le sel. Harry Kane est rapidement repéré par Arsenal qu’il rejoint à l’âge de 8 ans. Après une saison, le buteur anglais n’est pas conservé par les Gunners qui ne croient pas en son potentiel. En 2004, il rejoint le grand rival Tottenham. Dès sa première saison avec les U18, il marque dix-huit buts en vingt-deux rencontres. Il n’a alors que 16 ans. Le club londonien décide de le prêter pour qu’il se forme ailleurs et gagne en temps de jeu et en expérience. Dès 2015, un nouveau serial buteur explose aux yeux du grand public. Entre 2015 et 2018, «HurryKane» (un jeu de mots entre son nom et «hurricane» qui signifie «ouragan») finit trois fois meilleur buteur de la Premier League et compte le record du plus grand nombre de buts marqués sur une année civile. Le 4 février dernier, il inscrit son centième but dans le championnat britannique. L’Angleterre a trouvé la star qui lui manquait si cruellement.