Le loup est aux portes de nos cités

FAUNE • Le loup se rapproche de nos villes. Suscitant des craintes au sein de la population. Une histoire qui se répète et nous confronte à nos peurs ancestrales.

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En décembre dernier, un loup a été photographié en plein jour dans la campagne genevoise, à Jussy. Un mois plus tard, ils étaient quatre, filmés de nuit cette fois, sur les pistes de ski de La Tzoumaz, en Valais. Au mois de mars, c’est à Vouvry, dans le Chablais valaisan, qu’il a été aperçu. Sans parler de ceux qui ont aussi été vus du côté du Marchairuz et du Risoud, au-dessus de Nyon ou encore à Blonay.

De nombreux dégâts

Quasiment exterminé d'Europe occidentale au début du 20e siècle, il est revenu en provenance d’Italie, il y a une vingtaine d’années. Depuis il s’est multiplié: une soixantaine en 2019, plus de 80 en 2020, 148 en 2021. Ce retour avait été prévu, mais il faut reconnaître aujourd’hui qu’il nous prend un peu au dépourvu. D’abord parce qu’au fil du temps, le passage du loup a fait des dégâts: de nombreux animaux de rente en ont fait les frais, comme de nombreux animaux sauvages aussi. Ensuite parce que son rapprochement des villes commence à créer une certaine angoisse au sein de la population. Face à ce phénomène, deux visions s’opposent: le réguler drastiquement ou lui laisser toute latitude de s’installer là où il veut. Face à la réalité des chiffres, il est sans doute nécessaire de trouver une troisième voie, celle d’une cohabitation mieux encadrée qui consisterait à rétrograder son statut de protection - il est aujourd’hui «strictement protégé» -, avec possibilité de le réguler. Même les organisations environnementales en conviennent. A l’image du biologiste et éthologue réputé, Jean-Marc Landry, pour qui «ce qui est préoccupant, c’est que les loups pourraient bientôt s’intéresser à des troupeaux installés plus bas».

Un premier pas

Le loup se rapproche de nous. C’est dans l’ordre des choses, car il n’a pas de prédateur. Le Canton de Vaud vient ainsi de prendre de nouvelles mesures pour gérer sa présence: le système d'indemnisation pour les éleveurs a été revu, le suivi des meutes renforcé et l'effectif de la police de la faune augmenté. Un premier pas. Il s’inscrit dans le cadre légal actuel fixé par la Confédération et reflète la volonté de trouver un terrain d’entente entre des intérêts souvent contradictoires. Mais il sera revu l’année prochaine, après la révision partielle de la Loi fédérale sur la chasse, qui devrait attribuer plus de compétences aux cantons en la matière. D’ici là, le loup continuera sans doute de se rapprocher de nos cités en nous confrontant toujours un peu plus à nos peurs ancestrales.