Vaud va-t-il profiter de l'autogoal genevois?

Alors que Genève fait tout pour faire fuir les multinationales qui ont fait sa prospérité, Vaud se frotte déjà les mains...

A quoi reconnaît-on un État n’ayant plus forcément conscience de ses privilèges ? A la propension de certains de ses citoyens et représentants à mordre la main qui les nourrit. Au bout du lac, les attaques contre le « grand capital » se multiplient et les exemples n’y manquent pas : la Ville de Genève pourrait bannir toute publicité commerciale de ses rues alors qu’une initiative cantonale vise à augmenter l’imposition des grandes fortunes. 

Dans la même veine, le conseiller d’État – ou plutôt le candidat à sa réélection – Antonio Hodgers lance un nouveau pavé dans la marre. Appelant à « ralentir la machine économique genevoise » pour lutter contre la pénurie de logements, il oppose les PME aux multinationales. En soi, la question de fond est légitime : jusqu’où peut-on prôner une croissance sans limite dans un monde fini ? Appliquer une telle politique, dans un lieu si emblématique, relèverait toutefois du courage. Ou du suicide.

Même si elles ne se concrétisent pas, ces menaces répétées contre un modèle économique désormais honni font déjà des dégâts. Elles diffusent un climat de méfiance vis-à-vis d’acteurs qui ont largement contribué à la prospérité du canton. Genève peut peut-être se payer ce luxe après tout. Mais ces attaques éveillent aussi l’appétit de nombreuses terres qui rêvent de les accueillir et nul besoin d’aller bien loin pour les trouver. Le voisin vaudois, en embuscade, en fait déjà son affaire.