Si Thomas Wiesel est le chevalier jedi le plus en vue du stand-up romand, Nathanaël Rochat est, à n’en pas douter, le maître incontesté de la galaxie, le Yoda de la vanne, en plus grand, moins vert, et plus jeune aussi. T-shirt froissé, jean vintage qui ne fait pas semblant de l’être, minimalisme qui fait mouche, plume acérée, sens assassin de la formule et aiguisé de l’observation, flegme apparent, nonchalance affichée, tout est là: c’est Nathanaël Rochat. Et il en faut beaucoup pour énerver l’humoriste originaire de la Vallée de Joux, qui m’avouera avoir eu de la peine à trouver un «coup de gueule» et un «coup de boule» pour la rubrique. Sous son apparence dilettante, on a parfois l’impression que se cache un acharné du travail: entre ses chroniques aux Beaux Parleurs sur La Première, ses dates de tournée solo, ou avec le Jokers Comedy Club, dont il est un des éminents titulaires, et sa douce folie de vouloir remplir Beaulieu le 1er mars avec ses vannes, Rochat n’arrête pas. Un conseil, d’ailleurs, à propos de son spectacle du 1er mars au Théâtre de Beaulieu: allez-y! Ca fait vraiment partie de ces représentations qu’on regrettera, plus tard, d’avoir manqué.
COUP DE GUEULE
Je n’aime pas m’énerver et c’est à contre cœur que je vais tenter de le faire.On pourrait parler du cinéma, quand on demande mes papiers d’identité à mes enfants. Je ne savais pas qu’il fallait un passeport biométrique pour voir Jumanji. En même temps j’ai économisé 78 balles. 78 balles, c’est surtout le prix qui est en 3D! Et alors ce nouveau système ou tu dois choisir ton siège, c’est quand même relativement absurde. Moi je demande toujours d’être près du hublot.
COUP DE BOULE
C’est vraiment parce qu’on m’a forcé à faire l’exercice parce que j’aime pas me plaindre. Toutefois j’ai vraiment du mal avec les professionnels dont l’argument massue est «c’est le prix du marché» alors que c’est eux-mêmes qui les fixent, comme une excuse qui serait indépendante de leur volonté alors que ce sont eux les responsables. Partant du principe que je connais personne qui préfère habiter dehors plutôt que de payer trop cher un logement, l’abus est facile et évident.
COUP DE POUCE
Une fois qu’on fait l’effort de passer outre leurs uniformes un peu surranés et trop gris, je trouve le credo de l’Armée du Salut exemplaire de simplicité et de bonne volonté: «Qui croit agit». Il y a une forme d’humilité, d’appel à l’action par l’exemple, et une présence discrète essentiels dans notre monde. Quand je vois des bénévoles de l’Armée du Salut qui ont arrêté de se poser des questions pour enfin agir, cela me fait du coup poser pas mal de questions, jusqu’à me remettre un peu en place, même si je n’ai pas encore beaucoup agi.
COUP DE FOUDRE
Laurent Flutsch. Je suis allé voir son musée romain avec mes enfants l’autre jour. C’est toujours bien ses expos même si j’avais un peu peur que mon fils casse une poterie. Et puis j’aime beaucoup ses papiers dans Vigousse parce qu’il arrive toujours à être à la fois drôle et à nous apprendre quelque chose. Bon c’est souvent pour dire que les Romains ils faisaient déjà pareil en l’an moins 16 mais c’est enrichissant. Bref j’ai de l’admiration pour Flutsch parce qu’il est instruit, il a souvent une opinion marrante qu’il sait exposer avec brio.
COUP DE CŒUR
J’adore le bar du XIIIème siècle dans la Cité, parce que le patron est vraiment bonnard, et on se marre bien. C’est un des rares endroit de Lausanne ou tu peux trainer un peu tard le soir sans que ce soit une boite de nuit insupportable. Et puis c’est bien de faire un coup de cœur sur ce bar, comme ça le patron continuera à me payer des verres.
COUP DE CHAPEAU
J’aime bien Lausanne parce qu’il y a beaucoup de descentes.