Les Verts payent le prix de l’excès

JUSTICE • Le conseiller communal Valéry Beaud vient d’être condamné pour diffamation. En toile de fond de cette affaire, une interpellation déposée en 2021 devant le Conseil communal.

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Dire que l’entente est cordiale entre les milieux écologistes et les responsables de l’aéroport de la Blécherette tient de la gageure. Depuis plusieurs mois, les premiers ont pris pour cible les seconds, l’aéroport étant devenu le lieu emblématique de la ville où se cristallisent les attaques liées au réchauffement climatique. Mais cette fois, les élus écolos du Conseil communal ont sans doute poussé le bouchon un peu trop loin. Pour preuve, le conseiller communal Valéry Beaud vient d’être accusé de diffamation par le Ministère public.

Une erreur fatale

La genèse de l’histoire remonte au mois de septembre 2021. En pleine campagne politique «contre l’aéroport et ses nuisances», différentes interpellations avaient été alors déposées, respectivement au Conseil communal, au Grand Conseil ainsi qu’au Conseil national. Dans le texte déposé devant le Conseil communal lausannois, intitulé «Que se passe-t-il du côté de l’aéroport de la Blécherette?», Valéry Beaud avait notamment mis en cause l’honnêteté des responsables de l’aéroport qui auraient signé autrefois, avec la Ville, l’acte de droit de superficie de celui-ci devant un notaire, lui-même administrateur de la Blécherette, à savoir Patrick de Preux.

Une affirmation qui s’est avérée être doublement fausse: non seulement l’acte avait été signé en 1999 devant un autre notaire, mais à cette époque Patrick de Preux n’était même pas membre de son Conseil d’administration. D’où la plainte pour diffamation déposée par ce dernier.

La loi est claire

Valéry Beaud plaide l’erreur factuelle, s’étant basé, explique-t-il, en toute bonne foi sur le procès-verbal d’un ancien Conseil communal, sans vérifier la fonction de Patrick de Preux en 1999. Mais, ce faisant, il a toutefois refusé l’arrangement que ce dernier lui avait pourtant proposé et qui aurait ainsi enterré l’affaire. Soit des excuses par voie de presse aux conseillers communaux ainsi que le partage des frais engagés.

L’erreur est humaine, oui, mais Valéry Beaud a préféré crier au scandale contre ce qu’il estime être une atteinte à la liberté d’expression d’un élu du peuple, mobilisant au passage l’ensemble de la gauche et les Vert’libéraux.

Sur le fond, la question mérite sans doute d’être posée, mais dans le cadre d’un autre débat. Pas dans cette affaire, car pour l’heure, la loi est claire: un conseiller communal ne dispose pas des mêmes prérogatives qu’un député ou qu’un élu fédéral. Valéry Beaud, et ses cosignataires, non punis eux, ont donc péché. Quoiqu’ils disent, ils paient aujourd’hui le prix de l’excès, celui qui fait que quand on devient prisonnier d’une idéologie, tout dialogue constructif devient impossible. Ce qui, au final, dessert la cause qu’on veut défendre plutôt que de la servir.