L’heure des premiers dommages collatéraux

- Depuis l’entrée en vigueur du nouveau règlement, les clubs des secteurs en marge du centre-ville sont en grande difficulté.
- Sur cinq clubs concernés, deux viennent de connaître des réévaluations de leur solvabilité.
- La Municipalité assure qu’elle est en négociation avec certains tenanciers pour sauver leurs établissements.

  • Plusieurs petits clubs sont aujourd’hui au bord de l’asphyxie. DR

    Plusieurs petits clubs sont aujourd’hui au bord de l’asphyxie. DR

«Toutes les zones qui se trouvent en dehors du centre seront bientôt sinistrées pour le monde de la nuit. Ce n’est qu’une question de temps.» David Godonu, patron du Sacha Club, ne mâche pas ses mots. Depuis l’entrée en vigueur du nouveau règlement dans les discothèques des secteurs de la rue de l’Ale, de la rue de la Tour et de la rue du Tunnel, situés en marge du centre-ville, les établissements contactés reconnaissent tous avoir de gros problèmes de fonctionnement.

Des recours

Parmi   les mesures les plus coûteuses pour les patrons: l’embauche de nouveaux vigiles, mais, surtout, la fermeture anticipée à 3 heures, qui engendre des conséquences drastiques sur leurs chiffres d’affaires. Sur cinq discothèques concernées (le G7, le V.O., le Sacha Club, La Ruche et le 13ème siècle), deux ont connu des réévaluations de leur solvabilité entre septembre et novembre, selon des informations données par le site du Registre du commerce, moneyhouse.ch. D’autres, sous couvert d’anonymat, avouent avoir fait recours contre les mesures de restriction pour gagner du temps avant une faillite prévue.

Négociations en cours

Marc Vuilleumier, Municipal responsable de la police du commerce, assure être à la recherche de solutions: «Nous cherchons à reloger deux établissements des zones sensibles», informe-t-il, avant de relever que les mesures restrictives dans les clubs ne sont pas une garantie de banqueroute: «Le Lapin Vert, par exemple, ferme à 3 heures depuis longtemps et s’en sort très bien. D’ailleurs, pour les petits clubs ayant fait recours contre les mesures, les conséquences des changements ne sont même pas encore ressenties.» Un discours qui fâche les principaux concernés: «Dès lors que nous appliquons les mesures exigées, nous courons droit vers la faillite. Ce n’est qu’une question de quelques mois, témoigne un patron ayant fait recours. J’aimerais bien qu’on me reloge, comme promis par la Municipalité au départ. Je serais ravi de me rapprocher du centre pour le même loyer, mais rien ne m’a été proposé.» 

Problèmes préexistants? 

Pour Grégoire Junod, en charge de la police lausannoise, les problèmes financiers des clubs ne viennent pas forcément des nouvelles mesures: «C’est un peu facile comme raisonnement, estime-t-il. Mais ces questions ne sont pas de mon ressort. Le règlement est en vigueur depuis plusieurs mois et n’est pas négociable.»

Pourtant, les tenanciers de petites discothèques appliquant les nouvelles mesures font face à des augmentations de budget qui oscillent entre 30 et 50% et rendent l’avenir des nuits lausannoises incertain: «Est-ce que nous allons nous en sortir? Je l’espère, mais je ne suis pas très confiant. L’avenir nous le dira», conclut le patron d’une discothèque dont la solvabilité est menacée.

Les mesures qui fâchent

C’est au printemps dernier que les mesures prises par le Municipal de police Grégoire Junod ont été entérinées. Parmi celles-ci, l’avancement de l’heure de police, qui fixe désormais à 3h du matin la fermeture des établissements nocturnes (avec possibilité de prolonger la nuit jusqu’à 5h), la nécessité d‘assurer la sécurité dans leurs murs, comme aux abords de l’établissement, de mettre en place des détecteurs et d‘équiper les vigiles à l’entrée.

Pour protéger des nuisances les quelque 12‘000 habitants qui résident dans l‘hypercentre, quatre quartiers avaient par ailleurs été désignés comme étant «à habitat prépondérant». Cette mesure permet à la Municipalité de refuser l’ouverture d’un nouvel établissement. Et, lors de toute modification dans la licence, elle peut aussi en profiter pour fixer des restrictions d’usage. Ces quartiers sont: la place du Tunnel, la Cité, le haut de la rue Marterey et le rectangle formé par les rues de l’Ale, de la Tour, Neuve et Saint-Roch.