Marie Fontannaz: « C’est important de savoir d'où l'on vient »

« Colombine », aventure cinématographique unique, tournée en grande partie durant la Fête des Vignerons en 2019, est un film à voir en famille, à la croisée des genres, entre le conte fantastique et la comédie dramatique. On y croise de nombreuses têtes romandes connues, notamment Yvette Théraulaz, Cuche et Barbezat, ainsi que la comédienne Marie Fontannaz, qui nous livre quelques secrets sur ce tournage hors-du-commun.

  • Photo Jo Simoes

    Photo Jo Simoes

Lausanne Cités : Comment s’est passé ce tournage en totale immersion lors de la dernière Fête des Vignerons à Vevey ?

Marie Fontannaz : Ça a été à la fois incroyable et compliqué. Incroyable parce que c'est un spectacle qui réunit des milliers de figurants, des milliers de spectateurs et qui est le fruit d'un énorme travail. Nous avons été accueillis par la Confrérie des Vignerons qui a tout fait pour qu'on puisse venir tourner pendant le spectacle. Compliqué parce que ça voulait dire qu'à chaque fois, on n'avait droit qu'à une seule prise puisque les plans se tournaient pendant le spectacle, en direct et en public

Et le public était au courant ?

Non ! D'ailleurs, je pense que très peu de gens ont remarqué qu'il y avait un tournage parce que c'était à chaque fois une équipe très réduite. Il s’agissait d’être sur cette immense scène, mais le plus discrets possible. Jean-Aloïs Belbachir et Nastassja Tanner, qui jouent des choristes, ont ainsi dû apprendre les chansons, les interpréter durant le spectacle, avec dans l’oreille gauche les indications du chef de chœur, et dans l’oreille droite celle du réalisateur !

Le tournage s’est déroulé sur plus de deux ans…

Oui, au lieu de six mois comme prévu. La pandémie a tout arrêté. Il a fallu faire un énorme travail de montage et de post-production pour arriver à rendre le résultat cohérent. Dominique Othenin-Girard, le réalisateur s’est aussi beaucoup investi dans ce processus.

Comment est né ce projet de film un peu fou ?

Le producteur du film, Emmanuel Gétaz, voulait immortaliser la Fête des Vignerons à travers une fiction. De là est née cette histoire, qui a permis de profiter au maximum des incroyables possibilités visuelles que nous offrait le spectacle.

Après une apparition aux côtés de Romain Duris dans “En Attendant Bojangles”, sorti l’année dernière, c’est ici votre premier grand rôle au cinéma. Vous aimeriez faire carrière dans le 7ème art ?

J’en rêve !

On vous a aussi aperçue plusieurs fois dans des sketchs des Vincent pour “52 Minutes”, ou en train de chanter sur scène avec l’Orchestre Jaune de Daniel Perrin. On dirait bien que vous n’aimez pas être rangée sagement dans une case….

Je n’aime pas ça, être bien rangée. Je suis une touche-à-tout. Mais j’avoue que si je pouvais passer un peu plus de temps sur la case cinéma, en tournage … être devant la caméra, c’est ce qui me donne le plus de bonheur, que ce soit pour du cinéma, des séries ou certains sketchs avec les Vincent.

Dominique Othenin-Girard est un réalisateur atypique. Originaire du Locle, il s’est longtemps spécialisé dans le cinéma de genre, voire d’horreur, avec notamment le 5ème volet de la saga « Halloween », avant de réaliser des téléfilms puis des documentaires, et notamment la série « Les Suisses », en 2013. Comment s’est déroulée votre collaboration ?

Dominique est quelqu'un qui souhaite transmettre sa passion. C'est quelque chose qui m'a plu dès le début, quand il y a eu le casting. Il parle du film et ses yeux brillent comme un enfant, c'est très beau à voir. Il a vécu énormément de choses, il a beaucoup d'expérience, que ce soit aux États-Unis et en Chine également, où il a habité et travaillé. C'était toujours très précieux d'entendre ses récits. C'est aussi quelqu'un qui est très exigeant, c’était parfois éprouvant, il nous a beaucoup poussé dans notre jeu, très précis dans ce qu'il souhaitait.

Colombine cherche la figure du père, un père qu’elle ne connaît pas. Est-ce si essentiel que cela de savoir qui est son père ?

Alors je suis mal placée pour répondre à cette question, parce que j'ai un lien très très fort avec mon papa, et donc je souhaiterais à toute personne de pouvoir connaître son père. Oui, je pense que c'est important, surtout s'il n'y a pas du tout de figure paternelle. Colombine n’a ni papa de coeur ni père biologique, et elle est en conflit avec sa mère. Je pense que c'est important d'avoir cette figure-là dans sa vie, de savoir d'où l'on vient. En tous cas d’en avoir la possibilité. Ça fait partie des pièces du puzzle pour pouvoir évoluer et se construire.

ll apparaît finalement que ce sont souvent nos blessures d’enfant qui gouvernent nos vies d'adultes…

J’en suis convaincue ! Il y a un livre formidable sur le sujet, « Les Cinq Blessures » de Lise Bourbeau, que je peux recommander à la planète entière. Le plus grand danger, c’est le secret, le non-dialogue. Dans le film, la mère de Colombine lui cache la vérité, et c'est ça qui la fait souffrir, plus encore que l’absence de son père finalement.

Rassurez-nous, ça finit bien ?

C’est un conte plein de magie, donc oui !

“Colombine”, de Dominique Othenin-Girard. Actuellement au cinéma.