Née à l’EPFL, une start-up veut capter le CO2 des camions

INNOVATION • L’entreprise Qaptis a mis au point une solution permettant de réduire drastiquement la quantité de dioxyde de carbone relâchée par le fret routier dans l’atmosphère.

  • Qaptis va entrer dans une phase de test en installant son kit de décarbonisation sur cet ancien camion de la Poste. QAPTIS

    Qaptis va entrer dans une phase de test en installant son kit de décarbonisation sur cet ancien camion de la Poste. QAPTIS

Depuis de longues années maintenant, le CO2 est désigné comme l’ennemi public numéro Un. La start-up Qaptis, rattachée à l’EPFL mais basée sur le campus de Sion, a décidé de s’occuper sérieusement de son cas. Comme son nom inspiré du verbe latin «Captis» le laisse en partie penser, cette société se propose de capter le dioxyde de carbone émis par les camions via un dispositif breveté. «Dans les mois à venir, nous lancerons une phase de test sur un ancien camion de la Poste», révèle Theodore Caby, co-fondateur et CEO de l’entreprise. Selon la Commission européenne, le seul fret serait responsable de 15% des émissions de CO2 sur notre continent, dont 6% proviendraient des poids lourds. A l’échelle de la planète, ce sont 1,2 milliard des 32 milliards de tonnes de CO2 produits annuellement par l’activité humaine qui serait issu des camions.

Kit de capture

«Les véhicules à hydrogène ou électriques ne pourront être une solution de remplacement avant l’échéance zéro carbone de 2050», rappelle Theodore Caby qui est convaincu que le «kit de capture de CO2», mis au point par sa société, pourrait contribuer à limiter les dégâts.

Ce système capte 90% du dioxyde de carbone produit par un camion dès la sortie de son pot d’échappement et le compresse pour le faire passer illico sous sa forme liquide. Ainsi, le gaz peut-être stocké dans divers dépôts partenaires. Cela représente presque 1 litre de CO2 liquéfié par kilomètre roulé au diesel par les camions concernés. «Ces grosses quantités de liquide seront ensuite recyclées dans des carburants synthétiques ou des matériaux de construction tels que ceux auxquels travaillent aujourd’hui nombre de cimentiers», précise Theodore Caby. Le kit utilisé pour liquéfier le CO2 fonctionne grâce à l’énergie dégagée par le moteur du véhicule. Son poids est faible et n’implique donc pas une augmentation notable de la consommation d’essence. Cette année, Qaptis a levé 25'000 francs en crowdfunding via la plateforme Wemakeit afin de financer la construction de son prototype.

Elle espère procéder à des essais sur route dès l’année prochaine. Et en mai, la spin-off de l’EPFL décrochait 100’000 francs de prêt de la Fondation pour l’innovation technologique pour financer son développement. «Nous venons de lancer une levée de fonds pour 1,5 million de francs auprès d’investisseurs afin de monter un projet pilote avec des transporteurs vaudois», conclut Theodore Caby.