1000 balles en 5 minutes!

CONTRAVENTION • Le distributeur de billets étant hors service, 10 étudiantes de l'Ecole Hôtelière de Lausanne embarquent dans le bus des tl sans titre de transport. Les contrôleurs n'ont rien voulu entendre.

  • Un distributeur en panne impose d'en informer le conducteur.

    Un distributeur en panne impose d'en informer le conducteur.

La loi est dure, mais c'est la loi. Elles sont dix étudiantes de l'Ecole hôtelière de Lausanne, en majorité venues de l'étranger, à en avoir fait l'amère expérience. Juste avant les fêtes en décembre dernier, en fin de matinée, les jeunes filles grimpent dans l'autobus de la ligne 45, en direction des Croisettes. Seulement voilà, le distributeur de billets étant en panne et le bus arrivant à l'arrêt, les dix étudiantes décident de monter dans le véhicule, et à s'acquitter de leur billet plus loin. Le tout, non sans avoir essayé de joindre l'infoline selon le numéro indiqué à l'arrêt. Sauf que, celle-ci n'est en service qu'aux heures de bureau et que nous sommes un dimanche.

Législation très claire

Évidemment, les contrôleurs sont présents, et nos jeunes filles sont incapables d'exhiber un titre de transport valable. Les contrôleurs verbalisent et encaissent au nom des transports lausannois, 1000 francs d'amende pour les 10 contrevenantes, l'infraction étant taxée à 100 francs par personne.«C'est vraiment injuste, s'insurge la maman de l'une des jeunes filles. La plupart des étudiantes ne sont pas d'ici, ne sont pas des gosses de riches, et n'avaient vraiment aucune intention de frauder. Certaines n'avaient même pas les 100 francs sur elles, et c'est leurs camarades qui ont dû leur avancer la somme.» Et d'ajouter: «en outre, la manière dont elles ont été contrôlées est très dommageable. Les contrôleurs ont même menacé de les livrer à la police, elles se sont senties traitées comme des criminelles».«La législation est claire, explique Daniel Leuba, des transports publics lausannois qui s'est longuement expliqué sur ce cas. S'il y a un problème avec les distributeurs, les passagers doivent s'annoncer au conducteur qui s'arrête au prochain arrêt pour que les billets puissent être achetés. C'est d'ailleurs clairement indiqué sur un autocollant apposé aux arrêts de bus. Bien sûr, c'est en français, mais c'est tout de même la langue locale. Je comprends que pour ces jeunes filles cela puisse sembler dur, mais c'est aussi un apprentissage de la responsabilité individuelle. Quand quelque chose ne fonctionne pas, il est normal que l'on se renseigne.»

Principe d'équité

Les tl pourraient-ils tout de même faire une fleur aux contrevenantes, malgré tout de bonne foi? Impossible, rétorque le responsable des transports lausannois. «Il faut savoir qu'en termes de contrôle, nous n'émettons aucun jugement de valeur ni par rapport à la situation, ni par rapport au profil du contrevenant qu'il soit jeune ou vieux, d'ici ou pas d'ici etc. Il s'agit d'une question d'équité et de crédibilité pour nous, explique-t-il. Si l'on dit: OK, il s'agit d'étudiantes étrangères, pourquoi non plus ne pas faire d'exception pour une personne âgée, ou pour un chômeur qui a moins d'argent etc.»Et d'ajouter: «Sur la centaine de millions d'utilisateurs, nous amendons quelques dizaines de milliers de personnes par an. Et je suis convaincu que chacune d'entre elles a de bonnes raisons. En tout cas, je suis prêt à rencontrer cette maman pour en discuter si elle le souhaite!».«Pour l'image de Lausanne, c'est en tout cas désastreux, conclut justement la maman. Et dire qu'au début de l'année, lors de son allocution, le syndic leur avait déclaré qu'ils étaient les bienvenus à Lausanne!»