La chasse aux fraudeurs est ouverte

- Deux semaines après l'introduction de la taxe au sac, des «îlots» de résistance demeurent en ville de Lausanne. Toujours les mêmes!
- Dans les communes limitrophes concernées, la situation est meilleure que dans la capitale. Les habitants jouent mieux le jeu.
- La chasse aux fraudeurs est lancée. Les sacs noirs sont ouverts à la recherche d'indices permettant de débusquer les resquilleurs.

  • Sacs noirs: la chasse aux fraudeurs est désormais ouverte. VERISSIMO

    Sacs noirs: la chasse aux fraudeurs est désormais ouverte. VERISSIMO

«Des râleurs et des fraudeurs, il y en aura toujours! Mais aujourd'hui, mis à part dans quelques quartiers, toujours les mêmes du reste, ça se passe plutôt bien!» Sans tomber dans l'euphorie, le chef du service d'assainissement de la ville de Lausanne, Fadi Khadri, a aujourd'hui le sourire. Tout juste deux semaines après le lancement de la nouvelle taxe au sac, la situation s'améliore peu à peu dans la capitale vaudoise. On est en tous cas bien loin de la vision apocalyptique du 2 janvier dernier, premier jour de la mise en application de la nouvelle réglementation, quand des monceaux de déchets entourant les anciens sacs noirs s'amoncelaient ici et là autour des conteneurs.

Pas une surprise

«On savait que les débuts allaient être difficiles, note ainsi Fadi Khadri, à l'image de ce qu'ont vécu certains autres cantons. La première semaine, nous avons tout collecté. Mais désormais, la tolérance n'est plus de mise. Les premiers contrôles ont débuté». Et plutôt deux fois qu'une: samedi dernier, à grand coup de renfort médiatique, les premiers sacs noirs ont été vidés de leur contenu et contrôlés par du personnel assermenté. L'opération s'est répétée mercredi et il en sera de même régulièrement dans le futur. «Aujourd'hui, il y a encore en moyenne 10 à 20% des sacs qui ne sont pas réglementaires, mais je suis certain que la situation va aller en s'améliorant. Surtout que les amendes qui seront prochainement envoyées aux récalcitrants débusqués risquent d'être salées: quelque 400 francs, frais administratifs compris, pour le premier délit. Le double en cas de récidive!»

Un cap bien passé

Dans les communes de l'agglomération lausannoise concernées, on semble avoir globalement mieux passé le cap qu'en ville. «Il y a encore des sacs noirs qui sont déposés dans les conteneurs, mais nous sommes plutôt satisfaits», note ainsi Mark Zolliker, municipal pulliéran en charge de la gestion des déchets. Et il y a de quoi! Seuls 10% en moyenne des sacs récupérés depuis la mise en application de la loi n'étaient pas conformes. «La commune a informé la population à plusieurs reprises dès le début de l'automne dernier déjà. Il semble que le message a bien passé.» Même son de cloche à Romanel-sur-Lausanne. «Les jours passants, on trouve de plus en plus de sacs blancs», note pour sa part le municipal Denis Favre. Quant à la commune d'Epalinges, elle peut même se targuer de jouer les premières de classe puisque, dès le 2 janvier, de nombreux sacs blancs remplissaient les conteneurs alors que l'introduction de la nouvelle réglementation n'aura lieu que... le 1er mars!

Le temps des amendes

«Les communes qui ont des quartiers résidentiels jouent mieux le jeu que les communes urbaines. Le phénomène est connu, renchérit Jean-Daniel Luthi, municipal à Bussigny. Et pour cause, dans un quartier résidentiel, la visibilité est plus grande, votre voisin peut vous voir. En zone urbaine, l'anonymat est de mise, d'où une tendance à se montrer moins respectueux de certaines règles.» Celui qui est aussi le coordinateur vaudois de la taxe au sac se veut toutefois optimiste. «Nous sommes en train de changer un système qui prévalait depuis près d'un siècle. Il faut donc laisser un peu de temps au temps, tient-il à préciser. Nous n'atteindrons pas la tolérance zéro, car il y aura toujours des petits malins qui essaieront de passer entre les gouttes. Mais qu'ils prennent garde! Depuis le début de cette semaine, les communes ont commencé à sérieusement contrôler et les premières amendes vont faire mal!»

Renens: une hausse de 15 à 20 % du volume des déchets

Contrairement à la majorité des communes vaudoises, celle de Renens n'a pas encore adopté le système des sacs taxés. Entourée par de nombreuses communes ayant adopté la nouvelle réglementation, ses autorités craignaient toutefois de voir se mettre en place une sorte de «tourisme du sac». À première vue, cela ne semble pas être le cas, sauf peut-être dans certains quartiers proches des communes qui ont adopté la taxe au sac. «Nous avons enregistré une hausse de 15 à 20 %, note ainsi le municipal Jean-Marc Dupuis, en charge des Bâtiments et de l'Environnement. Mais ce chiffre n'est pas significatif, puisqu'il est impossible de dire si l'augmentation du volume de déchets est due au surplus lié aux fêtes de fin d'année ou à un éventuel tourisme du sac. D'ici la fin du mois, nous aurons des chiffres plus précis. Ils nous permettront de dire s'il y a vraiment lieu de s'inquiéter ou pas.» Dans tous les cas, cinq personnes ont d'ores et déjà été assermentées et, dès le 20 janvier, elles procéderont à des contrôles inopinés. «Il ne s'agit pas d'organiser des traques, souligne Jean-Marc Dupuis, mais bien de rendre les citoyens attentifs à certaines règles et, en cas de récidive, de les sanctionner.»