Nuits lausannoises: non aux punitions collectives!

Depuis fin mai, les nuits lausannoises font la une des journaux. Dans ce crescendo de diagnostics et de solutions à l'emporte-pièce, une conviction toujours plus forte voit le jour: pour résoudre les problèmes de surconsommation d'alcool, il suffirait d'en interdire la vente...A plus d'un titre, l'équation est trop simple! D'abord, elle prend les buveurs pour des enfants de choeur. En effet, l'interdiction de vente d'alcool dans les petits commerces - qu'elle débute à 19 h ou à 21 h - n'empêchera jamais quiconque d'acheter ses boissons en journée, puis de les consommer dans la rue en soirée! Ensuite, elle frappe indistinctement l'ensemble des consommateurs, au lieu de cibler les vrais agitateurs. On punit collectivement plutôt que d'agir localement.D'autres voies doivent être privilégiées. La première est celle d'un relèvement des taxes sur les alcools forts. Abaissées en 1999, ces taxes n'ont plus aucun effet dissuasif sur la consommation de certains jeunes. La bouteille de vodka est ainsi accessible pour moins de 10 francs... le prix de deux bières, l'ivresse en plus! Cette position - déjà exprimée par les cafetiers-restaurateurs vaudois en 2010 lors de la consultation relative à la future loi fédérale sur l'alcool - n'a pas été retenue par le Conseil fédéral... Il appartient au parlement de la faire sienne, lorsque le projet lui sera soumis cet automne.Seconde voie, la responsabilisation des politiques. Si l'alcool est trop facile, force est de constater que la mise à l'index systématique des clubs, des bars et des commerces de quartier l'est aussi... Qui parle de la responsabilité de la police, en sous-effectif à Lausanne? Qui parle de la responsabilité des parents? Qui parle enfin de cohérence politique, quand les autorités, d'un côté, laissent les dealers squatter nuit et jour le centre-ville et, de l'autre, s'étonnent que des jeunes multiplient les bitures collectives? Lorsque tout semble permis, pourquoi craindre les interdits?Ces trois voies ne réinventent pas la roue. Elles ne cèdent pas à l'agitation. Elles ne laissent pas croire à une terra incognita légale... Mais elles rappellent chacun à ses responsabilités, ce principe fondateur de nos libertés.