La CGN fâche les frontaliers

- La fin annoncée des Navibus mécontente les frontaliers qui travaillent à Lausanne.
- Ils dénoncent un manque de concertation et critiquent les nouveaux horaires prévus.
- La direction de la CGN entend calmer le jeu et se dit prête à la discussion.

  • Les Navibus sur le lac Léman, c'est bientôt fini!

    Les Navibus sur le lac Léman, c'est bientôt fini!

«Pour répondre à la demande en forte augmentation sur la ligne N2 Lausanne-Thonon, une nouvelle organisation sera mise en place dès le 14 avril 2013. Les courses les plus fréquentées du matin et du soir seront assurées par des bateaux de plus grande taille, mais naviguant plus lentement.» C'était le 29 janvier dernier. Le Département des Infrastructures du canton, et non pas la Compagnie Générale de Navigation (CGN), preuve de la portée politique de la nouvelle, annonçait le retrait des Navibus assurant les liaisons quotidiennes entre Lausanne et Thonon. Fin de la belle aventure commencé en 2008 (lire article ci-dessous). Victimes de leurs succès, devenus trop petits, les voilà mis au rencart au profit d'unités plus grandes.

Des frontaliers choqués

A première vue, pas de quoi fouetter un chat! Surtout que, comme le laissait entendre la Cheffe du Département, la conseillère d'Etat Nuria Gorrite, «la solution retenue avait fait l'objet d'un vaste consensus avec les autorités de Haute-Savoie, les représentants des frontaliers et les employés.» Avec, à la clé, un abonnement annuel réduit de 55 francs afin de compenser les désagréments occasionnés, essentiellement le rallongement du temps de la traversée de 30 à 50 minutes environ, notamment aux heures de pointe.Seulement voilà! Aujourd'hui, le Groupement transfrontalier européeen (GTE) ne l'entend pas de cette oreille. Il accuse la CGN de ne pas avoir honoré ses engagements. «Du jour au lendemain, nous avons été mis devant le fait accompli, ce n'est pas acceptable! La CGN s'était engagée à nous informer au préalable de tout changement majeur», tonne Jean-François Besson, secrétaire général de l'association.

Horaire mis en cause

Le GTE ne conteste pas le fait que le manque de bateaux réellement adaptés aux besoins de transport en commun pour traverser le lac est bien réel. Et que les deux Navibus utilisés étaient trop petits. Mais il s'insurge contre le nouvel horaire mis en place. «Globalement, il dégrade la qualité de l'offre et fragilise le mode de vie des frontaliers», résume Christian Aebischer, son vice-président. Plus spécifiquement, il craint qu'en raison de la taille des futurs bateaux utilisés, l'embarquement et le débarquement se fassent plus lentement et que, dès lors, la fiabilité de l'horaire ne soit plus garantie. Encore plus en période estivale quand des cohortes de touristes viennent se mêler aux frontaliers. «S'ils ne sont pas garantis, cela va provoquer des désordres en chaîne.» Il souligne également que le nouvel horaire prévoit que deux grandes unités arrivent en même temps à Ouchy, d'où un encombrement et des problèmes assurés pour tous ceux qui emprunteront ensuite le m2.

Calmer le jeu

Directeur général de la CGN, Luc-Antoine Baehni tient pour sa part à calmer le jeu. Et fait son mea culpa: «Nous privilégions la consultation et le GTE est un partenaire fiable avec qui nous avons d'excellentes relations, note-t-il. Dans le cas présent, dans ce que j'appellerais la dernière ligne droite et d'entente avec l'autorité politique, nous avons dû agir vite, d'où ce sentiment d'avoir été mis devant le fait accompli.» Luc-Antoine Baehni se montre toutefois ouvert à la discussion.«Les points avancés sont pertinents. Nous avons lancé une large concertation. S'il s'avère qu'une majorité de doléances vont dans le sens d'une modification des horaires, nous entrerons en matière en vue de les affiner». Le directeur général de la CGN annonce par ailleurs qu'une réflexion globale sur l'avenir de la mobilité lacustre est en cours et devrait être présentée au printemps prochain. «Si je vous dis que nous avons enregistré une hausse de fréquentation de 19% pour le seul mois de janvier de cette année par rapport à la même période de l'année 2012, vous comprendrez la nécessité de trouver au plus vite une solution à un phénomène qui va aller grandissant.»