Les plats industriels sur la sellette

Alors que le scandale des lasagnes surgelées au cheval continuent de faire polémique, des élus vaudois réagissent.Les restaurants du canton vont devoir s'adapter pour garder la confiance des clients.Un label de qualité est d'ores et déjà exigé par la Fédération Romande des Consommateurs.

  • Les plats industriels sur la sellette

    Les plats industriels sur la sellette

  • La viande d'origine industrielle, de plus en plus suspecte.

    La viande d'origine industrielle, de plus en plus suspecte.

En Europe, depuis quelques mois, les scandales alimentaires se multiplient. La Suisse de son côté n'est de loin pas à l'abri de tous risques. Depuis quelques mois, certains élus tapent du poing sur la table pour que lumière soit faite sur la qualité des plats servis dans les restaurants du canton. Adèle Thorens, coprésidente des Verts suisses et conseillère nationale, a décidé d'en faire l'un de ses chevaux de bataille. Les établissements vaudois trompent-ils le consommateur? «Je ne sais pas. Mon intervention au parlement vise justement à disposer de données fiables. En France, des chiffres selon lesquels 80% des restaurants serviraient de la nourriture industrielle ont circulé. Je ne sais pas s'ils ont été vérifiés mais c'est inquiétant. Les consommateurs sont en droit de disposer d'informations sérieuses sur le sujet.»Et d'ajouter, comme une mise en garde. «On a beaucoup parlé de lasagnes ces derniers temps et je pense que certaines de celles qui nous sont servies dans les restaurants sont d'origine industrielle, tout comme certains plats de type mijoté. Il en est probablement de même de certains desserts.»

Moins chers

L'un des commerciaux d'une entreprise alimentaire tessinoise, qui a souhaité garder l'anonymat, est affirmatif: «Nous avons dans notre catalogue des plats industriels, et je peux vous dire que nous en vendons sur l'ensemble de la Suisse romande. A Lausanne, Nyon ou Yverdon, certains établissements préfèrent ces plats moins chers car plus rapides à préparer.»Il y a huit ans, la Fédération romande des consommateurs (FRC) avait pourtant déjà alerté l'opinion publique et, huit ans plus tard, l'entourloupe existerait toujours. «Le sujet est toujours à l'ordre du jour car la tromperie est toujours présente pour les clients, tonne Barbara Pfenniger, responsable alimentation au sein de la FRC. Nous avons soutenu Adèle Thorens dans son combat et espérons vraiment qu'un label puisse voir le jour, comme c'est le cas au Tessin avec la mention Ristorante che cucina de nos confrères de l'ACSI qui permet d'identifier les restaurants qui ne servent pas de plats industriels. Cela fait quelques années, nous avions eu des discussions avec Gastrosuisse pour introduire un label de qualité pour les restaurateurs. Mais, alors que nous étions à bout touchant, l'organisation faîtière avait décidé d'interrompre les négociations.»L'opacité actuelle commence en tout cas à peser sur les choix des clients. Sur les divers sites consacrés à la gastronomie romande, certains avis font état d'expériences parfois chaotiques où le côté industriel des plats était évident. Cette levée de boucliers interpelle inévitablement les professionnels de la restauration.

Pas de label

Ces derniers ne semblent cependant pas prêts à introduire un label de qualité pour le canton de Vaud. Ils reconnaissent pourtant que les plats industriels existent: «Soyons francs: c'est une illusion de croire que l'on peut aujourd'hui s'en passer, précise Gilles Meystre, directeur adjoint de Gastrovaud. Prenons l'exemple d'une assiette froide bien vaudoise avec jambon, saucisson, pain, fromage, cornichons, beurre et moutarde: aucun de ces produits n'est façonné sur place. Tous ont été pré cuisinés par des artisans et des industriels. C'est là toute la difficulté d'un label: quels produits doit-il concerner, où commencer la liste, et où l'arrêter?» Et de préciser: «Nous plaidons pour d'autres mesures: valoriser les produits du terroir chez nos apprentis, renforcer la formation préalable à l'ouverture d'un établissement aujourd'hui insuffisante, sensibiliser parents et enfants à la diversité des goûts, retrouver les chemins de la ferme, du fromager ou du boucher de quartier. Cette prise de conscience collective sera beaucoup plus efficace qu'un simple label collé sur la devanture des restaurants!»