Métamorphose n'en finit pas de se métamorphoser. Initialement présenté fin 2006, le grand projet urbanistique pour la capitale olympique vient d'être revu à la baisse en raison de surcoûts. Le stade de football prévu aux Prés-de-Vidy est abandonné, laissant la place à un écoquartier. Une piscine olympique est envisagée près de la patinoire de Malley. Quant aux stades de football et d'athlétisme, à la première version qui consistait à ériger une infrastructure mixte, la Municipalité privilégie aujourd'hui deux site bien distincts l'un de l'autre: le stade de football devrait voir le jour au nord de la ville, dans le quartier de la Tuilière. Et l'athlétisme trouverait sa place au stade de Coubertin. «Moyennant une transformation de ses installations et la construction de nouveaux gradins dans les volumes actuels, le stade de Coubertin contiendra 6000 places fixes. Des gradins provisoires pourront être montés afin d'augmenter la capacité d'accueil à 12'000 places, pour les besoins d'Athletissima», souligne la Municipalité.
«Solution bricolée»
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Sur internet, partisans et opposants ont ouvert les feux avec plus ou moins de virulence.Du côté politique, c'est le calme plat à l'exception du PDC Lausanne, seul parti qui ose critiquer ce nouveau projet. «La gauche soutient ses municipaux. Quant à la droite, si elle a émis des critiques quant aux coûts de rénovation provisoire de la Pontaise, elle est aujourd'hui coincée, puisque son municipal Olivier Français est pleinement impliqué dans le projet», analyse Axel Marion, député PDC vaudois.Selon le PDC, les mauvais choix continuent, particulièrement celui qui exclut un stade mixte. «L'option du stade de Coubertin mis à la norme uniquement pour Athletissima semble une solution bricolée peu susceptible de garantir une homologation pour la Diamond League sur le long terme», estime pour sa part Manuel Donzé, président du PDC Lausanne.
Coubertin, site protégé?
Et Axel Marion de soulever un point sensible: «Situé tout proche du lac, l'impact sur le paysage et la faune seront très importants. Nous allons nous retrouver avec le même type de questionnements que celui du projet de musée des Beaux-arts à Bellerive». Vraiment? Selon les premiers échos, les milieux écologistes semblent au contraire plutôt favorables à cette variante du projet (lire encadré).Quoi qu'il en soit, les opposants au projet ne manquent pas de rappeler que, lors de la présentation de la première variante de Métamorphose, la transformation du stade de Coubertin avait été présentée comme irréalisable pour des raisons de protection de l'environnement et de coût.
Coûts remis en question
Les coûts, justement, sont au centre des discussions. «Leur projet prévoit un stade à la Tuilière devisé à 60 millions de francs au minimum. La transformation de Coubertin reviendrait à 40 millions, sans compter la location annuelle de gradins provisoires chiffrée à 500'000 francs. Soit plus de 100 millions alors qu'une rénovation de la Pontaise est estimée à 80 millions», souligne Axel Marion. Il met également en avant le fait que les coûts d'entretien de deux stades, qui seront également plus élevés, ne sont pas du tout pris en compte dans les plans financiers de la Ville. Une vision partagée par quelques architectes lausannois qui estiment eux que les chiffres présentés par la Municipalité seraient surfaits (cf. brève ci-contre).Des chiffres qui sont du pain bénit pour les opposants à la destruction du stade de la Pontaise. «La Municipalité a l'art d'accommoder les chiffres en sa faveur. Initialement, on nous annonçait qu'il faudrait 35 millions pour refaire la Pontaise. Aujourd'hui, on parle de 80 millions. Sans parler de tout l'argent gaspillé dans des crédits d'études et concours lancés, dont aucun n'est valable aujourd'hui, fustige Eric Magnin, du Mouvement pour la Défense de Lausanne (MDL). C'est à se demander s'ils maîtrisent vraiment ce projet.»