Le chaos, vraiment?

«C'est forrrrmidable!». Vous vous souvenez peut-être de ce cri du cœur souvent poussé par le Conseiller fédéral Adolf Ogi dans les années nonante lors de ses interventions à la radio ou à la télévision. Une manière bien à lui de marquer son enthousiasme pour la vie politique, et la vie tout court. Celui d'un homme animé d'un bon sens terrien qui, au-delà des clivages partisans, chose plutôt inédite pour un élu UDC, s'employait à rassembler et, avec un enthousiasme communicatif, à porter haut les couleurs d'une Suisse ouverte et tolérante.La récente parution de ses Mémoires, en français, tombe à point nommé (lire en page 7). À l'heure où le peuple est appelé à se prononcer sur le mode d'élection du Conseil Fédéral, elles démontrent que si la stabilité politique de la Suisse tient sans doute en partie à son système de consensus, son aura et sa capacité à exister au-delà des frontières nationales repose plus sur des personnalités hors normes que sur un système, aussi stable fût-il. Intéressant à l'heure où beaucoup d'oracles prédisent le chaos si l'initiative lancée par l'UDC devait franchir le cap.Certes, son acceptation ne garantirait aucunement l'élection d'hommes tels qu'Adolf Ogi, Jean-Pascal Delamuraz ou Pascal Couchepin pour ne citer qu'eux. Autant de personnalités trop rares qui ont démontré que la grisaille intellectuelle n'était pas forcément de mise à Berne. Mais elle aurait peut-être le mérite de permettre l'émergence de voix discordantes qui redonneraient un peu de panache à un pays qui en a bien besoin en ces temps incertains. Au risque de détruire un subtil, mais bien terne équilibre? À méditer avant le 9 juin! (lire en page 9)