Pourquoi le Brésil va gagner son Mondial...

CHRONIQUE • On espère se tromper, mais c’est un peu comme si les jeux étaient déjà faits. La Seleção va s’imposer - puisse-t-elle ne pas avoir besoin de recourir à trop d’aides extérieures...

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    Pourquoi le Brésil va gagner son Mondial...

L’épopée a commencé comme il se doit, avec cet homme, tout d’or vêtu, qui soudain s’est effondré, les bras en croix, comme si la terre se dérobait sous ses pieds. D’ailleurs il a fini le cul par terre, hurlement à l’appui.

Un autre homme, paré de noir quant à lui, truffé de nobles intentions et par miracle doté d’un sifflet, lui est alors venu en aide par le truchement d’un divin présent - penalty. Le premier a désigné le ciel en guise de remerciement, puis il a embrassé la terre; le second est reparti le sentiment du devoir accompli en bandoulière et, dans la poche arrière, la clé de son faramineux duplex, avec vaste terrasse et vue imprenable sur Copacabana.

Une grosse ficelle

D’accord: quand on peut réjouir le cœur de 200 millions de fidèles, au détriment de types qui sont cinquante fois moins nombreux et habitent beaucoup plus loin, même s’il y a une flopée de caméras dans les parages et une nuée de témoins dans la galaxie, il apparaît sot de ne pas le faire. Mais quand même: la ficelle était grosse. 

Le premier homme, c’est Frederico Chaves Guedes, alias Fred, avant-centre de la sélection brésilienne de football; le second, c’est Yuichi Nishimura, arbitre japonais de son état, nettement plus connu aujourd’hui qu’il ne l’était il y a trois semaines; et le théâtre qui a abrité la scène, c’est l’Arena de São Paulo, le 12 juin passé, à l’occasion du match d’ouverture de la XXe Coupe du monde de football.

Cette dernière était vieille d’une grosse heure et Brésil-Croatie venait de basculer (3-1 au final). «C’est un scandale!», a ensuite tonné Dejan Lovren, le défenseur «fautif». «Que puis-je dire? Je suis triste et tout le monde a vu ce qui s’est passé. On parle de respect et à la fin, que se passe-t-il? Je pense qu’on ferait mieux de donner tout de suite la Coupe du monde au Brésil.»

Arbitrage «maison»?

Pour expliquer l’ampleur du courroux, il faut dire qu’avant ce fameux penalty, M. Nishimura n’avait pas expulsé Neymar, la star des «auriverde» auteur d’un coup de coude dans la mâchoire d’un adversaire; et qu’après, il a invalidé un but croate valable avant d’en accorder un au pays organisateur, pourtant entaché d’une faute évidente à l’origine. Vous avez dit arbitrage «maison»?

Oui. Il restait alors 63 rencontres à disputer et une seule question à élucider: qui le Brésil battra-t-il en finale, et comment? La compétition a depuis pris ses aises. Dans les rues, de Manaus à Porto Alegre et de Fortaleza à Rio de Janeiro, entre deux manifestations, on célèbre la marche triomphale d’une Seleção qui, par ailleurs, sait comment on joue au ballon.

Le Brésil va bientôt rencontrer - et battre - le Chili en 8e de finale. Il ne restera alors plus que trois étapes jusqu’au sacre. Superstitieux, hyper angoissés à l’idée que la fête puisse tourner au vinaigre, les gens soulignent la valeur de la concurrence. Mais à la fin, le pays hôte remportera son sixième trophée majeur. Parce qu’il le faut, coûte que coûte.

Comme un air de déjà vu

Loin de nous l’idée de comparer le Brésil de Dilma Rousseff à l’Italie fasciste de Benito Mussolini ou à l’Argentine du général dictateur Jorge Videla. Mais d’un point de vue «purement sportif», le constat diverge assez peu. Comme à Rome en 1934 ou à Buenos Aires en 1978, la nation organisatrice «doit» s’imposer. 

Au fil des décennies, les méthodes se sont heureusement adoucies. Mais le résultat est le même: le Brésil va gagner. Et on espère qu’il n’aura pas besoin de trop d’aides extérieures pour y parvenir.