Baptême de l’air ce vendredi pour Vladimir Petkovic

CHRONIQUE • Le nouveau sélectionneur de l’équipe de Suisse a promis une bouffée d’air frais. Premières rafales annoncées ce lundi à Bâle contre l’Angleterre.

  • Le successeur d'Ottmar Hitzfeld exprime de grandes ambitions. DR

    Le successeur d'Ottmar Hitzfeld exprime de grandes ambitions. DR

Comme il est important de joindre l’utile à l’agréable, égayons l’instant par le truchement d’un artifice certes un tantinet désuet, mais ô combien ludique: la devinette. C’est quoi le point commun entre l’eau des poissons rouges, le marcel de papy Jean-Luc et le sélectionneur de l’équipe de Suisse?
De temps à autre, il n’est pas superflu d’en changer. Pour raviver ce bocal, apporter une lumière nouvelle à la vie. «Insuffler de l’air frais», comme l’a lui-même suggéré Vladimir Petkovic, sans prétendre que ça sentait le rat mort par ici vu que l’homme est poli.
Qui ça?, demanderont ceux qui n’ont suivi ni la folle destinée du FK Sarajevo dans les années 1980, ni les états du foot tessinois lors des deux décennies suivantes, ni les joyeux hoquets des Young Boys entre 2008 et 2011, ni la victoire de la Lazio en Coupe d’Italie 2013.
Vladimir Petkovic, 51 ans, on le sait depuis des mois mais certains l’ont peut-être oublié encore bercés par la nostalgie d’une vague, «Petko» donc pour les intimes, c’est le successeur d’Ottmar Hitzfeld à la tête d’une troupe d’élite appelée à tirer vers le haut le moral de la nation et les recettes du brasseur officiel; l’équipe de Suisse de football, un organisme qui ne connaît jamais le repos.

Plaie vivace
Le couteau de la 118e minute a été retiré du corps. Mais depuis ce satané 2 juillet à São Paulo et le crève-cœur face à l’Argentine en 8e de finale de la Coupe du monde, 1-0 au bout du supplice, la plaie doit rester vivace dans les esprits - c’est fou cette tendance à remuer la fourchette dans la blessure. Bref, le Brésil c’était hier et les voluptés cachaço-bossanoviennes à peine douchées, le retour aux affaires passe par la case burgers et oignons frits. «Il s’agit d’un nouveau début, avec de nouvelles chances», a exhorté Vladimir Petkovic, qui fut longtemps éducateur social.
Rendez-vous est fixé au Parc Saint-Jacques, ce lundi soir 8 septembre, avec 40’000 spectateurs pour accueillir l’Angleterre, un adversaire en chantier aux yeux des optimistes; en ruine pour les moins cléments.
L’enjeu, pour l’équipe de Suisse, c’est repartir du bon crampon sur le chemin de l’Euro 2016, face au seul gros morceau d’une poule au gabarit tout relatif (Slovénie, Lituanie, Estonie et Saint-Main), et dont il «suffira» de finir 2e afin d’oblitérer son billet direction la France.
Pour Vladimir Petkovic, qui n’a pas eu droit à sa répétition générale puisque le traditionnel amical du mois d’août a été biffé du calendrier international, il s’agit d’un baptême de l’air plutôt musclé.

«Vrais hommes»
«Dans cette équipe, j’ai besoin de vrais hommes», a-t-il d’ailleurs asséné dans un salon meringué du Schweizerhof à Lucerne, au moment de dévoiler les 23 visages de sa toute première sélection. «Nous ne sommes plus la petite Suisse. Il faut avoir ça en tête, être convaincu qu’on peut dominer et battre chaque adversaire dans ce groupe.»
L’ambition de présenter du jeu et disputer un sixième tournoi majeur - sur sept depuis 2004 - relève quasi de l’exigence basique, vu les promesses de la génération montante (Shaqiri, Rodriguez, Xhaka, Mehmedi et les autres). Vladimir Petkovic, né un 15 août, jour où la Vierge Marie a quitté la terre ferme pour entrer dans la gloire du ciel, a accepté sa mission. Puis il a expliqué, à propos de ses premiers choix: «Dans le football, il y a toujours un aujourd’hui et un demain.» Puisse ce dernier avoir des contours rieurs.