Le bonheur est aussi dans le pré!

  • Gilles Meystre, Directeur de GastroVaud et Conseiller communal. DR

    Gilles Meystre, Directeur de GastroVaud et Conseiller communal. DR

On y a fêté nombre de mariages, de baptêmes, d’anniversaires, de rencontres de famille ou de village. Mais après l’épicier, le cordonnier, le boucher et le boulanger, c’est au tour de l’aubergiste de déposer les clés. Dans l’histoire du village, une nouvelle page se tourne: l’auberge ferme boutique. C’en est fait d’un ultime espace de sociabilité. Désormais, c’est à la déchetterie que les villageois vont se rencontrer…

Dans notre canton comme dans d’autres, pareil épisode n’est pas rare aujourd’hui. Les causes sont multiples. La transformation des campagnes en cités dortoirs, le temps de travail qui empiète toujours davantage sur le temps des repas, l’affaiblissement du tissu associatif local, sans parler du 0.5 pour mille et de l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Autant de mutations qui, peu à peu, ont affaibli la fonction sociale des auberges et réduit leur viabilité économique. Par chance, de nombreux entrepreneurs tentent de maintenir une lumière au cœur du village, où il n’y a souvent ni passage ni commerces ni emplois. Ils ne ménagent pas leurs heures, bien sûr, car ils ne peuvent compter que sur la qualité de leur travail et sur le bouche à oreille pour recevoir de nouveaux clients. Ils ouvrent le week-end, quand les villageois sont là. Et dans l’assiette, ils misent sur l’authenticité des produits, sur la proximité avec les producteurs, sur la mise en avant d’une spécialité, qui fera leur renommée. Bref, sur une carte courte. Mais bonne!

Pour les soutenir, les autorités communales ont un rôle à jouer: limiter le prix du bail, rénover l’infrastructure, tolérer des heures d’ouverture concentrées sur les heures de repas. Quant aux consommateurs, ils ont l’occasion de redécouvrir les charmes de la campagne et les plaisirs de la table. Le bonheur est (aussi) dans le pré: courrez-y!