Pour des multinationales responsables

  • Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse. dr

    Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse. dr

Quand j’achète du chocolat au supermarché, j’aimerais être sûre que les fèves de cacao qui ont servi à sa fabrication n’ont pas été récoltées par des enfants en Côte d’Ivoire. Et j’aimerais avoir la garantie que les ouvrières qui ont confectionné mes habits ne travaillent pas dans des conditions dangereuses au Bangladesh. 
Une utopie? Peut-être bientôt une réalité. Une coalition de 66 organisations, dont fait partie Amnesty International, vient de lancer une initiative populaire. Notre but est d’inscrire dans la Constitution suisse l’obligation pour les multinationales de respecter les droits humains et l’environnement. Car il n’y a aucune raison d’admettre que leurs filiales à l’étranger aient des pratiques que nous ne tolérerions jamais dans notre pays.
Certaines multinationales ne veulent pas de cette obligation, parce qu’elles ont déjà adopté des codes éthiques volontaires. C’est vrai, aujourd’hui déjà, une grande partie des sociétés suisses s’efforcent d’agir de façon responsable. Mais les mêmes règles doivent s’appliquer à toutes les entreprises, et ces règles doivent être fixées par l’État. Comme le souligne l’ancien conseiller aux États Dick Marty, «personne ne voudrait que la circulation routière repose sur des principes volontaires et soit dictée par la loi du plus fort. De la même manière, les activités des sociétés à l’étranger doivent être encadrées par des règles claires.»
On nous menace de délocalisations en masse… Mais je ne crains pas que des multinationales quittent la Suisse et que nous perdions des emplois. Car je suis persuadée que la violation des droits humains et la destruction de l’environnement ne sont pas les ingrédients du succès de nos entreprises. Et si jamais c’était le cas pour certaines d’entre elles, alors il n’y aurait pas de quoi en être fiers.