Dégoût des règles

Non je n’invente jamais les questions auxquelles je réponds dans mes articles. Oui j’admire toujours l’étonnante diversité des demandes que je reçois par le biais de la presse. Et je suis très reconnaissante envers la rédaction du GHI qui me donne l’opportunité de faire de l’information pour le grand public sur la santé sexuelle et les remercie pour cette tribune qui permet à toutes et tous de questionner et d’apprendre.

Cette question sur un dessert contenant du sang menstruel a suscité beaucoup de réactions. Ce qui m’a frappée, c’est que très majoritairement les femmes ont été choquées et dégoûtées. Alors que les hommes ont trouvé cela original et plutôt amusant… Ce contraste marqué dans les différents commentaires est révélateur de la façon dont sont perçues les sécrétions corporelles. Les femmes, qui sont déjà souvent gênées par les simples pertes blanches émises spontanément par leur vagin au cours de leur cycle, sont encore plus dérangées par l’émission de sang pendant leurs menstruations. Pourquoi ont-elles tant de peine à accepter et vivre avec leur nature intime? Est-ce le souci de la propreté et la chasse aux «mauvaises odeurs» qui motive ces réactions de dégoût et de profonde aversion?

Pourtant, les pertes blanches au moment de l’ovulation signalent à une femme qu’elle est féconde. Ce qui est un important marqueur physiologique fort utile quand on souhaite une grossesse. Et les hommes qui ont le nez fin perçoivent ces phéromones qui signalent une «femelle en chaleur». La plupart d’entre eux ne sont pas gênés par l’écoulement de sang menstruel, qui ne les empêche pas de désirer leur partenaire. Ils sont plus à l’aise avec le rythme du cycle féminin que les femmes elles-mêmes. Pourquoi avons-nous perdu le plaisir de ces perceptions naturelles? C’est bien dommage que les femmes considèrent comme sales ces sécrétions (y compris le sperme) sources de vie.

Pour une réponse personnelle, écrivez à: Dr Juliette Buffat, GHI, CP 167, 1211 Genève 4. Joindre une grande enveloppe (18x25 cm) timbrée. Les lettres ne sont pas ouvertes par la rédaction. Ou envoyez vos questions par e-mail à l’adresse: cherejuliette@ghi.ch