Cet œil venu de Moscou...

Fixée à l’avant de la voiture, elle regarde défiler la route et enregistre tout, de son œil perçant et parfaitement neutre. La caméra embarquée, ou «dashcam», a de plus en plus la cote. Au moindre accrochage, on la consulte. Elle est devenue une sorte d’experte ès accidents de la route.

C’est en Russie qu’elle a connu son premier boom, avec un phénomène pour le moins ahurissant: des piétons postés au bord des routes se jetaient sous les roues des véhicules dans le but d’obtenir des dommages et intérêts de la part des automobilistes. Très vite, ces derniers se sont mis à équiper leurs véhicules de caméras pour prouver leur innoncence s’ils venaient à être vic-times de cette arnaque. Aujourd’hui, l’Europe et la Suisse s’y mettent. Pour ses utilisateurs, elle est aussi devenue une arme destinée à mesurer la responsabilité de chacun lors d’un sinistre auto, et éviter, théoriquement du moins, tout litige. Mais une arme à double tranchant, car elle est également, et de plus en plus souvent, utilisée comme outil de délation.

Les milieux judiciaires et policiers s’en émeuvent. Ils estiment que son utilisation pose des problèmes au niveau de la protection des données. Et les faits semblent leur donner raison: récemment, un tribunal valaisan a condamné un conducteur sur la base d’une dénonciation basée sur des images prises par une dashcam. De quoi inquiéter tout un chacun et donner pas mal de fil à retordre aux juristes de ce pays (lire notre article: Caméras embarquées: quand  la délation prend le volant.).