Saccage? Art? Depuis quelques années, les graffitis de Bushwick sont mis en avant à l’instar de sa nouvelle scène musicale. C’est dans ce quartier industriel que s’organise la visite la plus insolite de New York. Situé à l’est de Brooklyn, cet ancien ghetto se déflore le nez en l’air pour apprécier la farandole de couleurs des fresques. Celles-ci égaient les murs en brique d’usines désaffectées et transformées pour la plupart en ateliers et lofts.
Du tag à la prison
À la fin des années septante, ce secteur mal famé transpirait la violence. Des adolescents désœuvrés se retrouvaient la nuit pour maculer les murs de leur nom tagué dans un style propre à leur gang. Pour marquer son territoire, des défis se lançaient, les risques se prenaient et certains finissaient électrocutés en grimpant sur des voies de chemin de fer. Une fois adulte, la majorité s’adonne à d’autres menus plaisirs mais certains persistent et signent. Ils seront pourchassés par la police locale et passeront par la case «prison» pour vandalisme.
Messages politiques
C’est le cas, dans les années 90, d’Adam Cost, l’un des graffeurs les plus marquants de ces dernières décennies qui parsème son travail dans tout Bushwick. Devenu depuis sur le marché de l’art, il voit même le montant de ses amendes tripler. L’artiste délaisse peu à peu la bombe pour titiller le collage d’affiches ou la peinture au rouleau et revisite les codes de la publicité. Les messages des autres locaux, Revs, Enx, Mast, Never, Nekst ou encore de 4 Burners sont politiques, artistiques et parfois en trois dimensions.
Pionnier en Europe
Au fil des artères, on reconnaît une star internationale. sème sans vergogne ses mosaïques dans les mégalopoles, et rend hommage ici à Cost (voir petite photo). A un autre croisement, voici Blek le Rat (anagramme du mot art), le graffeur pochoiriste français connu comme l’un des pionniers du street art en Europe.
Nombreuses sont les œuvres qui finissent effacées des murs mais aujourd’hui, la nouvelle génération obtient des permissions officielles. Les propriétaires cèdent leurs murs sur présentation d’ébauches. Les tendances font écho à l’esprit multi culturel du quartier avec ses influences portoricaines ou dominicaines.
Grâce au festival du (voir encadré), des murs polyphoniques sont recouverts par des tagueurs, hommes ou femmes, venus des quatre coins du monde. Résultat? Ce quartier héberge aujourd’hui hipsters et familles qui fuient les loyers exorbitants, à quelques encablures de là, de Williamsburg.