Beznau: tirer les leçons de Fukushima

Avez-vous dû vivre dans le noir ces derniers temps? Renoncer à utiliser votre réfrigérateur? Votre téléviseur? Heureusement non. Et pourtant: le réacteur nucléaire n°1 de la centrale nucléaire de Beznau, situé dans le canton d’Argovie, est arrêté depuis exactement un an. Depuis une année, il ne produit pas une once d’électricité, rien, zéro. Beznau est débranchée parce qu’un bon millier de défauts ont été découverts dans l’acier de la cuve de pression. Malgré cela, Axpo, l’exploitant de Beznau, veut redémarrer le réacteur coûte que coûte.

Je reviens d’un séjour au Japon. Equipé d’un compteur Geiger, j’ai constaté que, cinq ans après la catastrophe de Fukushima, des territoires entiers restaient fortement contaminés par la radioactivité, rendant impossible toute vie normale. Et pourtant, le Japon a échappé à bien pire. En effet, à la faveur de vents favorables, 80% de la radioactivité rejetée lors de l’accident a été poussée vers la mer et dispersée à des centaines de kilomètres à la ronde, épargnant du coup la population. Revenons en Suisse: Où est la mer à Beznau? Où le vent poussera-t-il la radioactivité si l’impensable se produit? Nulle part. Un accident nucléaire à Beznau, au cœur de l’Europe, contaminerait durablement nos sols, nos rivières, nos forêts, et rayerait de la carte une bonne partie du pays. Personne n’a remarqué que Beznau était débranchée depuis un an – et c’est tant mieux. Nous n’avons plus besoin de cette centrale pour produire du courant. Elle est usée et dangereuse. Il est temps de tirer les leçons de Fukushima et d’arrêter définitivement Beznau.