Pour une politique alimentaire durable

  • Valentina Hemmeler Maïga, Secrétaire syndicale à Uniterre

    Valentina Hemmeler Maïga, Secrétaire syndicale à Uniterre

L’initiative «pour la souveraineté alimentaire» déposée par le syndicat paysan Uniterre le 30 mars avec 109’000 signatures valides propose un vrai changement de cap. Elle s’appuie sur une vision d’une agriculture paysanne qui soit rémunératrice pour les familles paysannes comme pour les employés agricoles, respectueuse des ressources naturelles, à l’écoute des consommateurs et solidaires avec les paysanneries d’autres régions du monde. Uniterre, membre du mouvement paysan international La Via Campesina a contribué au développement du concept de souveraineté alimentaire au plan international. Un des objectifs du mouvement est de modifier les législations nationales pour garantir le maintien voire le développement d’une agriculture paysanne qui, aujourd’hui, est étouffée par l’agro-industrie. En Suisse nous assistons à la disparition de 3 à 4 fermes par jour. En Europe, c’est une ferme toutes les 3 minutes. Les prix agricoles ayant chuté brutalement ces dernières années, notamment dans le secteur laitier ou porcin, les paysans couvrent à peine 50% de leurs coûts de production avec le prix payé pour leurs produits.

C’est pourquoi il ne s’agit plus aujourd’hui de faire des aménagements cosmétiques de notre politique agricole. Elle doit être profondément réformée et aller dans le sens d’une politique alimentaire durable. Pour se faire, il faut garantir un avenir aux jeunes générations qui souhaitent travailler la terre. Cela est possible si la Confédération, sans se substituer aux acteurs du marché, place un cadre légal leur permettant de négocier à «armes» égales sur les questions de quantités à produire, de qualité, de prix afin de répondre aux attentes de la population. Les défis sont immenses, la politique doit y répondre.