Retour sur les lieux du sublime

ROLAND GARROS 2016 • Un an après, Stan Wawrinka retrouve Roland-Garros, théâtre de l’incroyable exploit réussi par son short le printemps dernier.

  • Stan Wawrinka retrouve Roland-Garros

    Stan Wawrinka retrouve Roland-Garros

Qui dit Roland-Garros, un an après, dit short à carreaux pas joli, mais magnifique. La fabuleuse histoire d’un chiffon devenu relique, madeleine, talisman. La leçon ultime donnée par un bout de tissu qui, après avoir essuyé lazzis et quolibets, démontrait au monde entier que tout est possible, à condition d’y croire, la couture solide et l’index sur la tempe. Bref, Roland-Garros a (re)commencé et Stan Wawrinka aborde le deuxième Grand Chelem de l’année dans le costume papillon de tenant du titre. Et boum: rien que ça, ça en jette un max.

Capable de tout

Alors bien sûr, le Vaudois, capable de tout et c’est pour ça qu’on l’adore, peut très bien avoir trébuché lundi au 1er tour après avoir arrosé les bâches et fracassé onze raquettes - mais on ne croit pas. Parce que re-boum, la semaine dernière à Genève, après une période de turbulences relatives comme il traverse des fois, «Stanimal» a cogné sec, juste, limpide; et claqué le premier tournoi de sa carrière sur sol suisse. Il est donc arrivé gonflé à bloc Porte d’Auteuil, sans son short à carreaux, mais avec la conviction de tout pouvoir dans ce tournoi qu’il adore - et c’est désormais réciproque. Un tournoi certes orphelin de Roger Federer, mais qui ne peinera pas à se trouver des idoles. «King Rodgeur», salement turlupiné par son dos et soucieux de le préserver pour les joutes à venir (Wimbledon, Jeux de Rio, US Open), a jeté l’éponge, au même titre que la princesse saint-galloise Belinda Bencic. Mais d’autres sont là pour relever le gant.

Le roi Novak

Chez les messieurs, il y a d’abord Novak Djokovic, armé d’une volonté farouche de soulever enfin le dernier trophée majeur qui manque à son palmarès. Avec un quart, quatre demis et trois finales perdues à Paris depuis 2006, dont la dernière contre Wawrinka, le Serbe a épousé le profil du maudit à Roland; il rêve de divorcer. Pour Rafael Nadal, il s’agit au contraire de renouer. De retrouver le chemin de l’idylle. Neuf fois vainqueur sur ce central dont il fut le maître incontesté, l’Espagnol y a connu l’an passé sa deuxième défaite (en quart devant Djokovic). Mais ce printemps, l’ex-ogre semble avoir retrouvé l’ombre d’un mordant.

Parmi les autres candidats au bras de fer final, on trouve Andy Murray, frais vainqueur de Djokovic à Rome. L’Ecossais, qui a su mettre de côté ses dispositions naturellement herbeuses pour se plier aux exigences du jeu sur terre, maîtrise désormais les ficelles de la surface. Il devance chez les bookmakers le groupe des outsiders, avec l’infatigable casse-tête japonais Kei Nishikori, le puissant Autrichien Dominic Thiem ou encore le fantasque mais redoutable Australien Nick Kyrgios.

Le bal des dames

Le bal est ouvert et ces dames sont elles aussi 128 à avoir reçu un carton d’invitation - ou se le sont octroyé, à l’image de la Zurichoise Viktorija Golubic, issue des qualifications. Parmi elles, Timea Bacsinszky, tête de série n°8, les dents bien plus longues que ne le suppose son sourire. Sensationnelle demi-finaliste le printemps dernier, la Vaudoise ne s’était inclinée que face au show stupéfiant de la reine Serena Williams, feignant l’agonie entre deux coups droits gagnants. Le tableau 2016, même si le chemin est long, autorise l’idée d’une revanche contre l’Américaine, au même stade.

Un stade qui, bien que bridé par les travaux de rénovation et parsemé d’uniformes, sécurité oblige, annonce une cuvée passionnante. Car Roland-Garros ne saurait tout de même pas se résumer à un short à carreaux.