Lionel Baier, le quadra primé

RENCONTRE • Chaque semaine durant ces vacances, une personnalité romande nous raconte comment elle vit sa trêve estivale. Cette semaine, Lionel Baier

  • Lionel Baier, le quadra primé.

    Lionel Baier, le quadra primé.

Réalisateur suisse, voilà une condition qui pourrait donner envie à certains de renoncer à la grandeur ou l’exigence, ce n’est en rien le cas de Lionel Baier. Le Lausannois, quadra depuis peu, a autant d’ambition pour lui que pour le cinéma de son pays. Primé à de nombreuses reprises, il prend soin, depuis plus de dix ans, de la relève en dirigeant le département cinéma de l’Ecole Cantonale d’Art de Lausanne.

L’été, c’est un moment dont vous profitez pour vous détendre et recharger votre créativité ?

Pas tout à fait! Cet été, je tourne un film à la fin du mois d’août pour la télévision suisse. Il s’agit d’une collection de quatre films autour de faits divers qui se sont déroulés dans notre pays. Je m’occupe de la dernière victime d’un tueur en série qui pourrait être le sadique de Romont. Cette dernière victime est un jeune garçon de 16 ans qui s’est échappé et qui a réussi à alerter la police. Grâce à lui, le sadique a pu être arrêté. Je vais donc passer l’été à repérer et préparer le film.

Un peu glauque comme activité estivale, non ?

Pas forcément. Ce qui m’intéresse ce n’est pas le fait divers lui-même. On ne verra pas l’agression, par exemple. A l’époque, il n’y avait absolument aucun suivi psychologique pour ce genre de victimes. Je me demande ce qu’il s’est passé dans la tête de ce garçon, c’est ça qui m’intéresse. Sur le moment, par exemple, il paraît qu’il s’est dit qu’il allait survivre et qu’il devait donc emmagasiner un maximum de détails dans sa mémoire.

Vous aurez un peu de repos quand même ?

Nous irons à Locarno un peu avant le festival, histoire de profiter du climat du Tessin. J’irai également aux rencontres photographiques d’Arles. Elles sont dirigées, depuis quelques années, par Sam Stourdzé, l’ancien directeur du Musée de l’Elysée. Enfin, on prendra quatre ou cinq jours avec mon compagnon pour aller marcher dans les Cinque Terre.

Un autre projet en cours cet été?

Oui, je prépare un film qui raconte le parcours d’un fonctionnaire européen qui se retrouve à devoir gérer la crise de la migration sur le terrain. Je retournerai à Lesbos et à Lampedusa pour découvrir la réalité sur place. J’ai l’impression que cette question de la crise migratoire n’en est pas vraiment une. C’est plus un changement de société qui va durer. On peut choisir d’accueillir des gens ou assumer que nous préférons qu’ils meurent. Mais, il ne me semble pas qu’il y ait d’autres possibilités. Il va falloir faire évoluer nos idées.