«Les droits humains ne sont pas négociables!»

AIDE AUX RÉFUGIÉS • À la suite d’un voyage en Grèce qui l’a bouleversé, Michael Räber a quitté son job pour s’occuper des migrants qui tentent de rejoindre l’Europe. Il sera à Lausanne le 24 août pour donner une conférence et participer à un débat. Interview.

  •  Michael Räber, bouleversé par le désastre humanitaire qui touche la Grèce. DR

    Michael Räber, bouleversé par le désastre humanitaire qui touche la Grèce. DR

Dans quelles circonstances avez-vous eu à faire face à ces migrants?

J’étais en voyage avec ma femme en août 2015. Un matin tôt, je suis allé boire un café avant de prendre notre avion de retour pour la Suisse. Là, j’ai vu environ 300 migrants dont une bonne moitié d’enfants sur la place, qui n’avaient ni à manger ni à boire depuis plusieurs jours. Ma femme et moi avons directement décidé d’acheter de l’eau, du lait en poudre pour les bébés et de la nourriture. Quelques jours plus tard, j’étais sur place à nouveau: j’ai loué un appartement et ai cuisiné pour 400 personnes cette fois durant plusieurs jours.

Parmi ces personnes, un bon nombre possède un solide bagage intellectuel...

Oui, en rencontrant les migrants, vous vous rendez vite compte que cela pourrait être chacun d’entre nous. La plupart ont pu payer les passeurs, donc ils avaient un certain niveau de salaire chez eux. Dans les camps dont je m’occupe, il y a des chirurgiens, des juges, des professeurs, des traducteurs, des policiers, des chimistes et des ingénieurs...

Pour vous, il s’agit d’un véritable désastre humanitaire...

Pour moi, les droits humanitaires ne sont pas négociables. Une fois que vous voyez les regards des enfants qui fuient la guerre, vous avez la motivation de vous battre pour plus d’humanité et pour un accueil décent de cette population.

De quelle manière aidez-vous ces personnes?

J’ai pu observer sur place en Grèce la chose suivante: les personnes qui aident sont principalement des locaux ou des initiatives privées comme la mienne. Au préalable, j’ai discuté la chose avec mon épouse avant de me lancer. Nous avons décidé qu’elle paierait les factures en Suisse (elle est vétérinaire à Kiesen). Je travaille sur le terrain en Grèce pour l’organisme que j’ai créé www.swisscross.help et je ne touche rien de l’argent reçu. Les dons sont entièrement versés dans les projets.

Sur place, quelles sont vos actions quotidiennes ?

Nous distribuons quotidiennement de la nourriture et de l’eau à 1 200 migrants. Nous avons créé deux écoles, un cabinet de dentiste, un tailleur, une crèche pour les petits enfants. Et les projets continuent. Il y a aussi un bon nombre de cas médicaux pour lesquels nous amenons du soutien: les médecins ne se déplacent pas dans les camps. Nous nous chargeons d’évacuer les blessés dans des hôpitaux.

Où trouvez-vous les moyens nécessaires pour financer votre démarche ?

www.swisscross.help est entièrement financé par des dons privés. C’est grâce à des conférences et à notre réseau que nous parvenons à informer sur la situation sur place, et à récolter les fonds nécessaires pour poursuivre ses activités. Cela nous garantit aussi une autonomie et une indépendance précieuse pour mener nos projets efficacement sans une charge administrative lourde.

Mercredi 24 août, 18h Casino de Montbenon, entrée libre