Le futur stade d’athlétisme de Vidy a du plomb dans l’aile

- Le budget lausannois 2017 plonge dans le rouge et creuse un peu plus encore la dette de la Ville.
- Selon certaines rumeurs, cela pourrait avoir des conséquences sur la suite du projet Métamorphose.
- En question, notamment, l’abandon, ou tout au moins le gel, du futur stade d’athlétisme de Vidy.

  •  Malgré un budget qui plonge dans le rouge, le stade de foot de La Tuilière devrait être construit. DR/photomontage

    Malgré un budget qui plonge dans le rouge, le stade de foot de La Tuilière devrait être construit. DR/photomontage

«La Ville n’a clairement pas les moyens financiers suffisants pour assumer aujourd’hui la totalité du projet Métamorphose.»

Gérard (*)

«Parti comme c’est parti, le nouveau stade d’athlétisme de Vidy ne se fera pas. Ou sa construction sera reportée. Et le stade de la Tuilière destiné au foot pourrait lui aussi connaître un sort identique.» Cet avis émane de Gérard(*), excellent connaisseur des arcanes de la vie politique et du monde sportif lausannois. Et il n’est du reste pas le seul à épouser cette thèse. Pour justifier sa position, des arguments simples qui découlent, dit-il, du bon sens: «Non seulement les délais sont trop courts pour tenir les échéances prévues, mais la Ville n’a clairement pas les moyens financiers suffisants pour assumer aujourd’hui la totalité du projet Métamorphose. Soit la construction de l’écoquartier prévu, celle du stade de foot de la Tuilière et le remodelage du stade de Coubertin, à Vidy.» Et d’ajouter: «Il ne faut pas oublier non plus les millions qu’elle devra encore allonger pour les nouvelles patinoire et piscine olympique de Malley!»

Un budget dans le rouge

Le budget 2017 de la Municipalité lausannoise, présenté la semaine dernière, semble dans tous les cas corroborer ses dires. Après un exercice équilibré, il replonge dans le rouge avec une perte affichée de 39 millions et une dette qui va dépasser les 2.6 milliards de francs. Et même s’il inclut, entre autres, des investissements très importants liés au développement du projet Métamorphose, dont près de 60 millions de francs pour la seule construction du stade de football de la Tuilière dont les travaux devraient débuter l’année prochaine, les craintes de voir l’un ou l’autre, voire les deux projets, être remis en question, sont bien réelles.

Car pour la Ville, les temps sont durs et des choix vont incontestablement s’imposer. Ce que le Syndic Grégoire Junod ne nie pas. Sans rien lâcher des détails de la stratégie municipale à venir, il nous confiait récemment: «Nous faisons face à une équation difficile. La Ville doit porter un développement exceptionnel dans une période de contraintes financières fortes. En ce qui concerne le projet Métamorphose, nous y travaillons et des réponses vont arriver dans les semaines à venir.»

Timing trop court

Le principal questionnement de la Ville tourne donc vraisemblablement autour de la réalisation des deux stades. Pour l’un, celui de La Tuilière dédié au football, il semble peu probable qu’elle fasse marche arrière, sauf si le Conseil communal, échaudé par le budget présenté, refuse la demande de financement qui lui sera prochainement soumis. Une situation peu plausible pour le président du Lausanne Sport, Alain Joseph: «Je ne suis pas dans le secret des Dieux, mais le scénario du refus me semble difficilement imaginable, commente-t-il. Le cas contraire, cela reviendrait tout simplement à tuer le club, donc le foot à Lausanne.»

Il en va toutefois tout autrement pour le futur nouveau stade d’athlétisme de Vidy dont les jours pourraient, eux, être comptés. Ou du moins dont la construction pourrait être effectivement retardée. Un concours de paysage et d’architecture a été lancé pour définir son futur visage. On est pour l’heure dans l’attente du résultat de celui-ci qui devrait être communiqué le mois prochian. On saura alors le coût réel de l’installation prévue. « Cela va sans doute se monter à plusieurs dizaines de millions, estime Gérard. Mais il n’y pas que ça: vu le timing prévu et les oppositions probables qu’il va susciter, le projet ne pourra pas se faire dans le temps imparti.»

Un casse-tête

Car il existe bel et bien une échéance, 2019 au plus tard. Non seulement pour que le stade soit prêt pour les Jeux Olympiques de la jeunesse (JOJ) qui auront lieu en 2020, mais aussi, et surtout d’abord, pour qu’il puisse, à cette date et dans les normes, être conforme à ce que souhaite la Diamond League afin de pouvoir accueillir Athletissima qui ne pourra plus utiliser le vétuste stade de la Pontaise appelé à être détruit.

Bref, un casse-tête sur lequel le patron du meeting lausannois, Jacky Delapierre, se montre toutefois peu loquace: «Étant partie prenante dans cette affaire, vous comprendrez que j’ai un droit de réserve. Ce que je peux vous dire, c’est que des discussions sont en cours pour assurer la pérennité d’Athletissima». Ce que le Syndic Grégoire Junod confirme: «Lausanne veut garder Athletissima et fera ce qu’il faut pour garantir les conditions-cadre nécessaires à cette manifestation.»

Un renouveau de la Pontaise?

Certes, mais de quelle manière? «Pourquoi pas en restant à la Pontaise, avance Gérard. Sa mise aux normes internationales coûterait certainement bien moins cher que la construction prévue à Vidy et cela permettrait d’être dans les délais impartis tant en ce qui concerne Athletissima que les JOJ 2020.»

Le stade de La Pontaise sauvé - momentanément - de la destruction en raison de la conjoncture? Réponse vraisemblablement d’ici la fin de l’année.

(*) nom connu de la rédaction