Lausanne veut-elle la peau d’Airbnb ?

- La semaine passée, le Conseil communal a chargé la Municipalité de trouver des moyens de réguler l’activité d’Airbnb à Lausanne.
- À l’instar d’Uber, ce service de location de chambres ou d’appartements permet à chacun de mettre en location tout ou une partie de son logement durant quelques jours ou plus.  
- La gauche comme la droite s’inquiètent de possibles dérives d’Airbnb.

«Nous sommes déjà en situation de pénurie, il ne faudrait pas encore que l’offre diminue à cause d’Airbnb»

Hadrien Buclin, Conseiller communal Solidarités

Alors que les étrangers de passage à Lausanne sont de plus en plus friands de la plateforme Airbnb pour organiser leurs séjours, l’offre en logement augmente également à vue d’œil. En effet, nombreux sont désormais les locataires qui sous-louent leurs biens sur cette plateforme. De l’étudiant qui prête son canapé à la régie immobilière haut-de-gamme qui y loue des duplex meublés, tout le monde s’y met. Cela dit, cet enthousiasme général n’est pas partagé par les élus du parlement lausannois. C’est plutôt l’inquiétude qui y régnait la semaine passée, à tel point que ces derniers sommèrent l’exécutif de la Ville de prendre des mesures afin d’éviter les dérives et abus.

«Nous craignons que cela devienne un business juteux qui pousse à confisquer de nombreux appartements du marché au profit des touristes. Nous sommes déjà en situation de pénurie, il ne faudrait pas encore que l’offre diminue à cause d’Airbnb», explique l’élu Solidarité Hadrien Buclin. À l’entendre, il serait cependant dangereux de trop réguler ou d’appliquer les lois de manière très stricte: «Il ne faut pas s’acharner sur des gens à qui cela permet simplement de se payer enfin des vacances. De même, il ne faudrait pas que cela devienne une bonne excuse pour les bailleurs de mettre des locataires facilement à la rue.»

Concurrence déloyale

La droite du Conseil communal est, elle, inquiète par une autre dimension d’Airbnb: les risques de distorsion de concurrence. «Il n’est pas normal qu’un hôtel doive payer toutes sortes de taxes et suivre diverses réglementations et que ce ne soit pas le cas de ceux qui le concurrencent à travers des appartements loués à la journée. Il est important que la taxe de séjour soit payée par les touristes qui utilisent Airbnb, par exemple», explique l’élu PLR Pierre Ethenoz. Il souhaite toutefois que Lausanne puisse profiter de l’apport de touristes garantis par une présence sur la plateforme américaine.

«Il est possible d’y trouver un logement à Lausanne pour moins de 100 francs. Cette offre n’existe pas dans nos hôtels. Il arrive aussi que ceux-ci soient presque tous pleins. Heureusement que nous pouvons continuer d’accueillir alors des visiteurs qui viennent consommer chez nous», précise-t-il. De même, les partis bourgeois s’inquiètent de la possibilité que des logements subventionnés soient sous-loués ensuite de manière à dégager un profit caché pour le bénéficiaire de l’aide sociale.

Législation dépassée

Avec des sièges économiques installés dans des pays étrangers, les nouvelles entreprises comme Uber ou Airbnb, ont un fonctionnement si innovant qu’elles ne peuvent tout simplement pas être encadrées par les lois existantes. C’est également le cas de FlixBus, un fournisseur de transports spécialisé dans les autocars longue distance en Europe, et qui pourraient bientôt concurrencer les CFF sur certains trajets.

De tous ces secteurs révolutionnés, c’est l’immobilier et l’hôtellerie qui trouvent le plus de relais politiques au sein des parlements. Tout porte donc à croire que c’est sur cette thématique que la législation s’adaptera le plus rapidement, afin de protéger propriétaires, bailleurs et commerçants. Quant à celles et ceux qui avaient trouvé en Airbnb le moyen de se faire un peu d’argent discrètement, ils ont de quoi s’inquiéter de ce nouveau coup de projecteur braqué sur leurs activités.