Quand les grillons débectent...

  • Gilles Meystre, Président de GastroVaud, Candidat au Grand Conseil DR

    Gilles Meystre, Président de GastroVaud, Candidat au Grand Conseil DR

Larves et drosophiles sont la hantise des cuisines, la bête noire des chefs. Chaque jour, ils sont traqués. On astique, on nettoie, on surveille. Vade retro satanas! Imaginez la tête du client découvrant la petite bête échouée dans ses aliments... Imaginez la réaction mi-horrifiée, mi-contentée de l’inspecteur des denrées alimentaires, tombant nez-à-nez avec l’importun diptère… Bonjour les sanctions! Envolée, votre réputation.

À Berne, certains ont d’autres préoccupations: dans la marmite politique, les insectes sont tendance. Dès le 1er mai, vers de farine, grillons et criquets seront même tolérés. Espoirs pour les uns, mais dégoût pour les autres, dont j’avoue humblement faire partie…

Entre une bouchée de foie gras et un moelleux au chocolat, une question me hantait durant les Fêtes: pourquoi être rebuté par un grillon, mais non par un médaillon? Une question de goût? L’effet de notre culture alimentaire? Les insectes, voilà qui renvoie aux dix plaies d’Egypte, aux moustiques, aux mouches, aux sauterelles… Symboles de punition dans notre tradition.

Alors, pourquoi mange-t-on des grenouilles, qui figuraient aussi en bonne place parmi ces plaies? Et pourquoi mange-t-on des pommes de terre, autrefois considérées comme nourriture à cochon? Réponse: parce que nécessité fait loi! Ainsi, un aliment est voué aux gémonies aussi longtemps que d’autres peuvent le remplacer. La disette arrivant, nos représentations s’effacent. Nos besoins prennent la place. On s’autorise quelques accommodements... On goûte, la peur au ventre certes, mais convaincu que l’infâme pitance comblera les carences.

À l’heure de la surabondance, vers, grillons et criquets ne font pas partie des Fêtes. Mais qui dit qu’un jour, nous n’allons pas y goûter? Et pourquoi pas essayer? Quitte à… rapidement sauter chez le boucher!