Les marchands de peur ont débarqué en force

  • Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse dr

    Manon Schick, directrice d’Amnesty International Suisse dr

Trump aux États-Unis, mais aussi Orban en Hongrie, Erdogan en Turquie et Duterte aux Philippines: partout des hommes forts triomphent dans les urnes en recourant à un discours de haine et de rejet de l’autre. De plus en plus, des responsables politiques se transforment en marchands de peur et appliquent des programmes nocifs qui s’acharnent sur des groupes entiers de population: les réfugiés, les musulmans, les opposants politiques ou encore les toxicomanes. Et il ne s’agit pas seulement de discours: les boucs émissaires se voient interdits d’entrée, arrêtés ou même froidement assassinés.

Cette politique de rejet figure au centre du rapport annuel 2016/2017 d’Amnesty International. En passant en revue 159 pays, on constate hélas un recul mondial des droits humains, et une réponse beaucoup trop faible de la communauté internationale face aux atrocités commises en Syrie, au Yémen ou au Sud-Soudan. Quant aux démocraties, elles mettent en œuvre des mesures de sécurité intrusives, telles que l’état d’urgence prolongé en France ou les lois sur la surveillance au Royaume-Uni.

Les limites de l’acceptable ont bougé. Des responsables politiques tiennent des discours haineux, misogynes ou homophobes, et sont pourtant élus. On peut craindre un effet domino. C’est pourquoi il est essentiel de résister et de se battre pour les valeurs fondamentales que sont la dignité humaine et l’égalité. En d’autres périodes sombres de l’histoire, des citoyens ont fait la différence en se mobilisant, pour les droits civils des Noirs aux États-Unis, contre l’apartheid en Afrique du Sud ou contre le mur de Berlin. À nous de répéter que nous ne voulons pas de ce nouvel ordre mondial dangereux et que les droits humains sont la seule réponse valable!