Capitale kaléidoscopique

MEXICO • Qu’est-ce qui peut bien valoir au Mexique son insolent succès touristique? Le pays a enregistré des records en 2016 (35 millions de visiteurs étrangers), soit une hausse de 9% par rapport à 2015.

  • Le calendrier des fêtes fait la place belle au folklore traditionnel. DR

    Le calendrier des fêtes fait la place belle au folklore traditionnel. DR

  • Merveilleuse architecture du palais des postes. BP

    Merveilleuse architecture du palais des postes. BP

  • Xochimilco se donne des airs de Venise mexicaine. BP

    Xochimilco se donne des airs de Venise mexicaine. BP

  • Le palais des beaux-arts, premier opéra de Mexico, achevé en 1934. BP

    Le palais des beaux-arts, premier opéra de Mexico, achevé en 1934. BP

  • L’impressionnant site aztèque de Teotihuacan. BP

    L’impressionnant site aztèque de Teotihuacan. BP

  • Le palais des beaux-arts, premier opéra de Mexico, achevé en 1934. BP

    Le palais des beaux-arts, premier opéra de Mexico, achevé en 1934. BP

«Ménagez votre souffle!», recommande d’emblée le douanier à l’aéroport (2400 m., soit l’altitude de Saas-Fee). Le malaise ne viendrait-il pas plutôt de ce champignon de pollution dont le hublot nous a réservé la primeur avant l’atterrissage, celui-là même qui constitue l’intarissable sujet de conversation des capitalinos, à en croire la guide? Elle ajoute un cordial: « Bienvenue au DF!». DF pour Département de la Fumée? Non: District Fédéral, puisque c’est ainsi qu’il faut appeler l’entité fédérative qui constitue la capitale du Mexique, fantasme de quelques rois aztèques, il y a 800 ans. Elle ne gagnera officiellement son titre de municipalité qu’à la fin 2017. Difficile d’en évaluer précisément la population: 9 millions? 22 millions, si l’on inclut la zone métropolitaine de la vallée de Mexico? Quand on aime, on ne compte pas. Et on ne tarde pas à aimer.

Dans la ruche

Bien sûr, on est d’abord étourdi par les dimensions de cette mégapole tentaculaire, étirée jusque sur les bords de sa cuvette. Le taxi tente de s’imposer dans des embarras quasi endémiques. Idéal pour prendre ses premiers repères. On traverse des zones si vastes que chacune pourrait constituer une ville en soi. En longeant l’avenue Amsterdam bordée de palmiers, on se dit déjà qu’il faudra explorer ce quartier Art Déco, sorte d’oasis bobo hipster.

Plus loin, la maison bleue de Frida Kahlo, la célèbre artiste aux sourcils rapprochés. On songe au Mexico des années 1930-1940, alors terre d’immigration où, de Trotski à Fidel Castro, on venait se mettre à l’abri. En vain, pour le théoricien de la révolution permanente – par ailleurs amant de Frida – assassiné chez lui par des agents russes.

Mexico mériterait-elle sa réputation de dangerosité? «Mais non, affirme la guide. C’est l’une des villes les plus sûres du pays. Je n’hésite pas à marcher seule, de nuit, dans le centre. Bien sûr, je n’irais pas n’importe où.»

Patrimoine

C’est au centre historique, justement, que convergent sans surprise tous les itinéraires vers les musées (pas celui d’anthropologie, incontournable, dans le quartier de Polanco). L’essentiel du patrimoine architectural se photographie autour du Zócalo (place de la Constitution, l’une des plus grandes et des plus anciennes du monde). On dirait que l’impressionnante cathédrale penche un peu. Serait-ce l’effet de la tequila? «Pas du tout! Elle est construite sur un sol instable. On a injecté des tonnes de béton pour la stabiliser… jusqu’au prochain tremblement de terre!»

Mexico et les monarques

Y aller

Les périodes les plus agréables sont les intersaisons: mars-avril et septembre-octobre.

Visiter

A moins de 50 kilomètres de Mexico, deux excursions au moins valent le détour. D’un côté, le Museo nacional de Virreinato, un régal pour les amateurs de baroque et d’art colonial, articulé autour de trois patios aux orangers centenaires. De l’autre, les colossales pyramides de Teotihuacan, à l’échelle des divinités qu’elles évoquent: la Lune et le Soleil. On prend conscience de la taille de ces constructions en tentant de les escalader pour contempler l’esplanade qui les sépare, réduisant les touristes à la dimension de fourmis.

Photographier

En dehors des monuments, la migration annuelle des papillons monarques est un must, surtout au mois de mars dans la région de Mexico. Des millions de ces lépidoptères s’agglutinent aux arbres en quête de chaleur propice à leur reproduction.

Se renseigner: Mexique (Guide Lonely Planet)

Du saint des saints à la Venise locale

Impensable de venir jusqu’à Mexico sans visiter la Guadalupe, sanctuaire iconique d’une religiosité mexicaine fortement teintée de traditions et superstitions.

Deux églises: d’abord l’Insigne, toute de guingois, datant de l’époque coloniale et jouxtant la basilique moderne. Cette dernière expose une tunique sacrée, objet de toutes les dévotions.

Principal intérêt du site: le point de vue qu’il offre sur la ville, idéal pour organiser la suite d’une visite qui inclura forcément Xochimilco, une zone très courue pour son réseau de canaux et de jardins flottants appelés chinampas, vestiges d’un ancien lac où les Aztèques entretenaient leurs cultures. Le périmètre est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il y flotte des centaines de barques transformées en cuisines, en tribunes de mariachis ou en tables à pique-nique, dans un délire coloré.