Stefan Bauer, du foot au bistouri

PORTRAIT • Agé de 43 ans Stefan Bauer est le nouveau médecin chef du Service d’orthopédie et traumatologie de l’appareil locomoteur de l’hôpital de Morges. Petite particularité: jusqu’à 29 ans, l’homme a été... footballeur professionnel.

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    Stefan Bauer, du foot au bistouri

C’est clairement un médecin atypique qui a débarqué à l’hôpital de Morges un beau jour du mois de mai dernier. Stefan Bauer, 43 ans, citoyen allemand et orthopédiste spécialiste de l’épaule et du coude, passé par la France et l’Australie, a aussi l’incroyable particularité d’avoir été, jusqu’à l’âge de 29 ans, joueur de football professionnel, dans le championnat allemand mais aussi en France.

Une passion qui a commencé à Stuttgart dès l’âge de 6 ans et qui s’est concrétisée par une entrée au Centre de formation de la ville dès 11 ans. «Tout jeune recruté dans un centre de formation rêve de passer un jour professionnel, explique le chirurgien. Pour moi, les premiers petits contrats sont arrivés vite et j’ai assez rapidement intégré un club de 3ème division».

En parallèle, le jeune homme qui, sur les stades, fréquente nombre de médecins du sport, se pique d’un grand intérêt à la fois pour la médecine et pour… l’appareil locomoteur.

Défenseur central

C’est décidé, il sera médecin et entame des études en parallèle de sa carrière de footballeur, comme défenseur central, une carrière qui durera plus de six ans et qui l’emmènera à Mannheim, Leipzig puis en France. A Vannes, en effet, il passera deux ans et soutiendra sa thèse de recherche en... français, une langue qu’il ne maîtrisait pas deux ans plus tôt.

Reste une question lancinante: comment le jeune homme a-t-il réussi l’incroyable performance de mener de front et si longtemps, football et études de médecine? «Faire du sport en général et du football en particulier est très bien vu en Allemagne, on essaye toujours d’y faciliter la pratique du sport aux étudiants, explique Stefan Bauer, qui ajoute: et puis, comme j’obtenais de bons résultats dans les études, l’université a bien joué le jeu!»

Si les aménagements de cours ainsi obtenus ont permis à l’étudiant de poursuivre sa carrière sportive, il ne lui en a fallu pas moins pour autant consentir d’énormes efforts et de travail souvent solitaire, pour décrocher son diplôme de médecine.

C’est aussi à peu près au même moment que le sportif doit raccrocher ses crampons, en raison d’une blessure à la cheville. Il est temps de se consacrer totalement à la médecine et l’homme enchaîne les stages de formation, notamment en anesthésie aux HUG de Genève, et à Edimbourg. De là il s’envole pour l’Australie, nous sommes en 2004, où il passera 9 années et se spécialisera en orthopédie. «Là-bas, je me suis retrouvé chef de clinique très tôt et j’ai pu opérer très vite sous supervision, ça a vraiment été une magnifique expérience.»

Se poser à Morges

Mais l’Australie est trop loin. Stefan Bauer, devenu entretemps père de famille, rentre en Europe, en Allemagne, où il se spécialise en chirurgie de l’épaule et du coude.

Son arrivée à Morges, il la doit à son épouse, française, qui souhaitait évoluer dans un milieu francophone. «Aujourd’hui, j’ai un peu envie de m’installer avec ma famille et Morges est l’endroit idéal pour ça», conclut le spécialiste qui - bon sang ne saurait mentir -, reste encore très concerné par tout ce qui concerne le football. «Depuis mon arrivée, j’ai déjà opéré des footballeurs de la région, sourit-il. Et, avec des médecins du sport, nous réfléchissons à offrir des prestations à des clubs d’ici».