Du bitcoin à l’Etherum, faut-il avoir peur des cryptomonnaies ?

FINANCES • Le monde incertain des cryptomonnaies, comme le bitcoin, est en pleine ébullition. Les courbes s’affolent pour atteindre des niveaux inédits, mais les cours sont volatiles et les dangers nombreux. Eclaircissements.

  •  Les cryptomonnaies, comme le bitcoin, affolent les courbes... et les financiers. dr

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  •  Toutes les transactions sont consultables sur un seul et même registre inviolable et ouvert à tous – la blockchain. dr

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Les cryptomonnaies, comme le célèbre bitcoin, soulèvent aujourd’hui autant d’enthousiasme que de craintes. Et pour cause, la monnaie virtuelle de référence a atteint, ces derniers jours, un record historique, flirtant avec les 8 000 $ l’unité… avant de perdre en quelques heures 30% de sa valeur. Derrière ces fluctuations qui font naître les fantasmes les plus fous se cache un intérêt certain pour les monnaies alternatives. Le Japon a ainsi reconnu le bitcoin comme valeur légale pour les transactions et de grands pays comme la Russie ou la Suisse envisagent de lancer leur propre devise virtuelle. De fait, la masse monétaire des principales devises numériques dépasse aujourd’hui les 200 milliards de dollars. On est loin, certes, des monnaies historiques, dont on estime le volume à plus de 10 trillions de dollars, mais leur croissance est constante.

Grandeur…

D’apparence complexe, leur fonctionnement est finalement assez simple. Quand nous utilisons notre carte de crédit classique pour effectuer un achat, trois intermédiaires communiquent: notre établissement bancaire, celui du magasin où nous effectuons l’achat et le service de carte bleue (Visa, Mastercard, etc.). Bref, toute monnaie repose sur des tiers de confiance, piliers fondamentaux de cette valeur fiduciaire. C’est, par exemple, parce que l’on donne du crédit à l’euro que l’on accepte de travailler ou de vendre ses biens contre de simples bouts de papier (billets), du métal sans valeur (pièces) ou un chiffre sur un compte en banque.

Or, plus il y a d’intermédiaires dans les transactions monétaires, moins celles-ci sont sûres. La crise de 1929 ou celles des subprimes en 2008, sans parler des récents «Paradise Papers», sont là pour le rappeler. De plus, la possibilité pour des tiers de confiance, en l’occurrence les banques centrales, de battre monnaie, leur confère un pouvoir immense. Sans oublier le fait qu’il est possible de contrefaire plus ou moins facilement de l’argent. En résumé, le crédit que nous apportons à nos monnaies est subjectivement fort, mais objectivement fragile.

Imaginons maintenant qu’une devise vienne faire voler en éclat ces différents points faibles. Les échanges n’ont lieu que dans une seule entité – le réseau – faisant ainsi disparaître tous les intermédiaires ; les unités, dont on a défini le nombre dès la création, sont infalsifiables; toutes les transactions sont consultables sur un seul et même registre inviolable et ouvert à tous – la blockchain – et l’ensemble n’est pas dirigé par un humain, mais par un logiciel en open source. C’est ce que promettent, en théorie, les cryptomonnaies les plus sérieuses et c’est justement là que réside leur fort pouvoir d’attraction.

Le bitcoin, qui a ouvert le bal en 2009, valait alors à peine 1 $. Il en vaut aujourd’hui plus de 6 000. L’Etherum, une devise concurrente plus avancée technologiquement, s’échangeait également contre 1 $ lors de son lancement en août 2015, il en vaut aujourd’hui près de 400. On parle ici de croissance à 5 ou 6 chiffres…

et décadence

Faut-il alors investir ses maigres économies dans ces valeurs? Le boursicotage est vivement déconseillé. Si, théoriquement, les cryptomonnaies sont sûres, les sommes en jeux sont devenues si importantes qu’elles intéressent de plus en plus de hackers et d’escrocs.

Le fiasco de MTGox, une plateforme d’échange de bitcoins qui a fermé du jour au lendemain dans des conditions obscures en 2013 et qui a fait perdre environ 450 millions de dollars à des propriétaires de bitcoins, invite à la plus grande prudence. De plus, les Etats souverains, qui n’accepteront jamais de déléguer leur pouvoir de création monétaire à un réseau décentralisé dirigé par un algorithme, pourraient bien, du jour au lendemain, siffler la fin de la récréation. La Chine et la Corée du Sud ont d’ailleurs récemment interdit les plateformes d’échanges sur leur territoire.

Enfin, l’effervescence actuelle entraîne la multiplication des devises et sous-devises. Il est ainsi difficile de savoir laquelle aura la préférence des investisseurs. D’où une immense volatilité des cours. Il n’en reste pas moins que les courbes grimpent irrémédiablement sur le long terme et que le modèle technologique sur lequel reposent les cryptomonnaies rend obsolète celui de nos bonnes vieilles monnaies.