Assurance dentaire obligatoire: un dispositif cher qui ratera sa cible

  • Dr. Bertrand Dubrez, président de la Société vaudoise  des médecins-dentistes dr

    Dr. Bertrand Dubrez, président de la Société vaudoise des médecins-dentistes dr

Ainsi, les Vaudois auraient des dents en mauvais état et seraient très nombreux à renoncer aux soins en raison du coût élevé des traitements: c’est ce que prétendent les dépositaires de l’initiative. Pourtant, le taux de carie a baissé de plus de 90% ces 40 dernières années en Suisse, 60% des adolescents n’ont pas une seule carie à l’âge de 12 ans, la proportion de la population ayant une dentition naturelle complète ne cesse d’augmenter et, chers lecteurs, vous êtes une écrasante majorité à voir votre dentiste ou votre hygiéniste chaque année. N’est-ce pas un grand succès?

Pour autant, il ne faut pas occulter les statistiques (OFS): 5.8% d’entre nous, habitants de l’Arc lémanique, ne parviennent pas à payer leurs soins dentaires. Des aides supplémentaires à celles qui existent aujourd’hui sont donc indispensables mais il faut les cibler afin qu’elles soient efficaces. Pour preuve les pays qui nous entourent, qui disposent de systèmes d’assurances dentaires: l’accès aux soins y est moins bon qu’en Suisse! Et comment expliquer que moins d’un tiers de nos aînés en EMS voient leur dentiste dans l’année, ce qui est très peu, alors que 75% d’entre eux n’auraient rien à payer car ils sont au bénéfice des prestations complémentaires. Halte aux idées reçues! Une assurance dentaire n’est pas la solution pour résoudre le problème de l’accès aux soins.

Plus inquiétant, on essaie de vous faire croire que vous n’aurez plus de facture de dentiste. C’est faux. Les soins de base, dont il est question, ne comprennent ni traitements orthodontiques, ni couronnes, ni implants qui sont justement les plus chers. Vous continuerez à les payer en plus des prélèvements sur votre salaire et vos impôts!