Axes routiers engorgés: la fin du tunnel prévue en... 2040!

  • Grâce au fonds FORTA, le réseau routier vaudois va être considérablement amélioré. Plusieurs projets vont être mis à l’enquête publique cette année.
  • Prochain chantier prévu, l’élimination du goulet d’étranglement de Crissier.
  • Suivront les tronçons congestionnés de la Blécherette, Ecublens, Nyon, Morges, Rolle, Chavannes et Malley.

  • D'ici à 2040, la population vaudoise devrait augmenter de 200'000 personnes. VERISSIMO

    D'ici à 2040, la population vaudoise devrait augmenter de 200'000 personnes. VERISSIMO

«Plusieurs projets très importants seront mis à l’enquête publique cette année»

Nuria Gorrite, Conseillère d’Etat en charge des infrastructures

Si rien n’est fait, 20% des routes suisses seront régulièrement embouteillés en 2040. C’est l’Office fédéral du développement territorial (ARE) qui l’affirme. Face à cette réalité, le fonds national FORTA représente comme un rempart contre ce vaste chaos annoncé.

Au niveau vaudois, les premiers grands chantiers sont ainsi en bonne voie comme le souligne Nuria Gorrite, Conseillère d’Etat en charge des infrastructures et des ressources humaines: «Plusieurs projets très importants seront mis à l’enquête publique cette année. Il s’agit du dédoublement de la jonction de la Blécherette et de l’élimination du goulet de Crissier, par l’augmentation de la capacité de l’autoroute entre les échangeurs d’Ecublens et de Villars-Sainte-Croix avec la création des nouvelles jonctions d’Ecublens et de Chavannes et des compléments à la jonction de Malley.» Et d’ajouter: «Les jonctions de Nyon et de Rolle doivent également être adaptées et les projets sont à l’enquête ou le seront tout bientôt.»

Si tout se passe comme prévu, les travaux du goulet d’étranglement de Crissier pourraient démarrer en 2022 et durer une bonne dizaine d’années. A quelques kilomètres de là, le contournement autoroutier de Morges est également à l’ordre du jour. La Confédération serait favorable à un financement de 3,1 milliards de francs. Pour une réalisation qui ne se fera cependant pas avant 2040. En effet, l’agenda vaudois est soumis à l’obtention de l’ensemble des crédits auprès des autorités fédérales. Sans oublier les nombreuses oppositions qui seront déposées lors des diverses mises à l’enquête. Pour rappel, il y en a eu 600 pour l’aménagement de la bande d’arrêt d’urgence en troisième voie au tunnel de Belmont. De quoi retarder certaines réalisations de plusieurs années.

Une lenteur dans la concrétisation des projets qui agace Patrick Eperon, délégué transports et énergie au Centre Patronal et secrétaire général de VaudRoutes: «Nous avons pris beaucoup de retard en matière d’infrastructures. L’absence de planification nous coûte très cher, mais heureusement la situation est en train de s’améliorer. Même si je pense que la décennie 2020 sera très compliquée pour les automobilistes vaudois.»

Un réseau fonctionnel

Pour Alice Genoud, coordinatrice au sein de l’Association transports et environnement, le bétonnage annoncé doit être combattu: «FORTA et ses milliards de francs annuels grèvent non seulement le budget de la Confédération mais permettent un bétonnage alarmant de notre pays, sans véritable solution de mobilité. Il est plus que nécessaire aujourd’hui de réfléchir à des solutions de mobilité durables, viables sur le long terme et ne plus tout miser sur la construction de nouvelles routes.»

Une vision réfutée par Gabriele Crivelli, porte-parole à l’Office fédéral des routes (OFROU): «Grâce à FORTA, la Confédéra- tion pourra mettre à disposition des usagers un réseau fonctionnel et de qualité. Les investissements permettront de fluidifier le trafic dans les agglomérations urbaines et d’améliorer la compatibilité des autoroutes avec leur environnement.»

TRAFIC ROUTIER - «La surcharge de trafic provoque une baisse de la sécurité»

Pour Yves Gerber, responsable communication au Touring Club Suisse (TCS), il est urgent de mettre un terme à deux décennies de politique attentiste.

Lausanne Cités: Le fonds FORTA devrait permettre d’éliminer le goulet de Crissier, vous êtes satisfait?

Yves Gerber: Je salue cette mesure et soutiens sans réserve le programme d’élimination ciblée des goulets d’étranglement proposé par la Confédération. La croissance démographique et les distances toujours plus longues parcourues par les usagers créent une surcharge de plus en plus importante et fréquente de nos réseaux de transports. Des adaptations s’imposent de toute urgence, à Crissier et en différents autres points du réseau autoroutier.

Justement, pour les autres points, on constate enfin une véritable volonté de changement…

Le nombre d’heures de bouchons sur les autoroutes a explosé. Il s’élevait à

24’000 en 2016 et ce nombre ne cesse de croître. Autre signe inquiétant, les bouchons dus aux accidents augmentent, ce qui indique que la surcharge de trafic induit désormais une baisse de la sécurité. Le réseau autoroutier construit essentiellement durant les années 60 et 70 n’est plus adapté à la réalité démographique et aux besoins actuels. Après deux décennies de politique attentiste en matière de planification et d’investissements routiers, notamment sous l’ère Leuenberger, la Confédération a repris les choses en main et élaboré un programme ciblé de lutte contre les bouchons. Mais il faudra du temps avant que les travaux nécessaires ne soient réalisés, et la situation presse.

Que répondez-vous à ceux qui estiment que développer le réseau routier incite les gens à prendre leur voiture plutôt que les transports publics?

Il ne sert à rien de jouer les transports publics contre la route, car les deux sont aujourd’hui saturés. Il faut au contraire investir dans la modernisation et l’adaptation des capacités de nos réseaux aujourd’hui vieillissants. Les personnes ou les pendulaires qui se déplacent avec leur voiture ne le font pas par plaisir, mais pour gagner du temps, parce qu’ils habitent ou travaillent en périphérie, avec parfois des enfants à gérer.